jeudi 27 avril 2023

On dirait un Courbet . Quel génie il faut pour peindre ça !


 

 

  Il faut bien s'amuser . La bohème toujours moqueuse et farceuse . En cette fin du XIX ième avec l'avènement de la photographie la grande peinture religieuse ou historique commence à tanguer . Les nombreux peintres qui excellaient dans le portrait se retrouvent inemployés . Dans le shaker agiter ce mélange de  dèche , de  talents  et de désenchantement en sort les Zutistes , les Hydropathes , les Fumistes , les Arts Incohérents .  En figure de proue l'artiste touche-à-tout , à  la fois dessinateur , poète , peintre , journaliste , critique d'art ...

S'ouvre une ère de dissolution et d'exploration . D'abord sous le mode de la galéjade , de l'ironie - après tout cela couve depuis le Salon des Refusés . Les blagues de rapins aussi anciennes que celles des carabins - ils décoraient leurs salles de garde . Alors pourquoi ne pas faire eux aussi leur expositions ? Cela donne une gentille satire d'un art encore officiel , à base de calembours et de rébus dignes de l'Almanach Vermot qui est quasi leur contemporain . Une fissure annonçant un autre regard 

Les gars de Lascaux étaient-ils des graffeurs ? Le tableau noir de Paul Bilhaud est-il un monochrome ? Les Arts Incohérents sont-ils les précurseurs de Dada ? Une esthétique reste dépendante d'un contexte - après il y a les déclinaisons . Les coups de boutoir et la rage des dadaïstes en miroir de la folie et de la boucherie . Malevitch avant  la tabula rasa - celle  du blanc pureté et du noir des hécatombes . Il y a une filiation entre l'art se voulant le plus moderne et les Arts incohérents . Mais les modernes  installations sous formes  de charades , de rébus , de calembours se veulent beaucoup plus cérébrales . Aux confins de l'exploration des dispositifs - les oeuvres bloquées dans une  période free ou sérielle . En exposant des objets , des peintures d'humeurs et d'humour ou un tableau tout noir primo-avrilesque ces artistes étaient à l'avant-garde de la disparition des avants-gardes - à la fin ne reste que des esthétiques

  Faire l'hôtelier à la Airbnb  , faire le chauffeur à la Uber , faire du porno à la Chaturbate , faire le brocanteur à la Ebay , faire le critique gastronomique à la Tripadvisor , faire la friperie à la Vinted , faire l'influenceur à la partout , faire l'artiste pourquoi pas . Plus besoin d'avoir étudié le modelé d'une sculpture ou de savoir dessiner un drapé , ni de connaitre le solfège .   Elle est peut-être là la vraie rupture . Celle d'un affranchissement de la maitrise de la technique des arts . La liberté grande qui ouvre ses portes aux arts urbains , naïf , brut ou autres  - la sensibilité en majesté . Après tout cela passe au Grand Tamis

C'était cela le sismographe des Arts Incohérents enregistrer les secousses sans capacité de prédiction de leurs prolongations . Les marges toujours à rejoindre le centre . Il faut saluer l'indéniable talent de François Jules Foloppe dit Gieffe dont Johann Naldy commente plusieurs réalisations . Sur le fameux panneau tout noir de Paul Bilhaud , l'étiquette numéro 15 était-elle devant ou pas ? Mystère et boule de gomme .  Le tableau a pour titre - Combat de nègres pendant la nuit . Noir couleur peau -  il y a des peintres qui  tendent la leur sur des châssis  avant d'y projeter toute leur âme - c'est la peinture . Peut-être était-il porteur de sortilèges enténébrés rapportés de cette Afrique du temps des colonies . Tout noir on dirait un tableau d'école qui donnerait aux enfants l'envie d'en faire quoi ? De tracer de grands coups de craies en travers  - en vert , en bleu , en rouge , en jaune


dimanche 23 avril 2023

Ça fait Pop

 Pop Pop Pop Pop 

Des bulles colorées viennent exploser

Pop Pop Pop Pop 

A la surface 

Pop Pop Pop Pop  

Du jour 

Pop Pop Pop Pop

Dans la nuit 

Pop Pop Pop Pop

Le bruit du silencieux

Et ça fait Pop


Faux cils

 Sous les articles , les vidéos , les faits du jour , les publications diverses et variées 

Il suffit de repasser quelques temps après 

Tout s'est arrêté 

Les commentaires prêts pour la paléontologie

mardi 18 avril 2023

French cancan

 


 

 

 Bien dorés - laqués comme on dit . C'est ainsi que Christophe Nobili décrit la direction de son journal .  Gavés en fortune  - bien gras à en perdre la foi journalistique . La radicalité soluble depuis longtemps  dans leur abondance . Le travail d'enquête en berne - en exergue quasiment plus qu'un ronronnement de potins sarcastiques  et de petits quolibets ( un bon résumé de la situation à la page 110 du livre  ) . Dépassé par des médias en ligne plus affûtés qu'eux  -  ils sont en Trottinette pas électrique  avec l'Encornet en passager . Pas pratique pour faire une pointe de vitesse

Dans cette époque où l'information doit être  gratuite où tous ne veulent que du gratos partout  . Elle finit par  ressembler à cela , de la nourriture industrielle -  c'est coloré et croustillant  - c'est pas bon mais c'est pas cher . C'est un paysage de désolation . Une presse nationale perfusée tel un junkie par les subventions et les capitaux . Une presse régionale dite PQR  réinventant chaque jour  le robinet d'eau tiède   -  une atmosphère irrespirable   l'r étant de trop . Il ne devrait  pas être possible de descendre à un étiage aussi bas en diversité . La presse nationale en monopole , la régionale aussi et le contrepoint qu'était sensé être le Canard enchaîné en monopole aussi . Car c'est amusant le simple fait d'être là transforme certains journaux en institution avec des droits et devoirs - au moins pour leurs lecteurs -  et pas que du volatil(e)

Le seul dans la presse  gagnant de l'argent - du bon maïs - et sans publicité - c'est le Canard enchaîné - mais pour cela il faut serrer les ficelles . Ah les arrières-cuisines ! C'est compliqué une rédaction - ça coûte - surtout avec des plumes de talents et des journalistes spécialisés - un pognon de dingue ! Alors existe toujours la tentation de rogner dessus . Cela ressemble aux entreprises où les salariés se transforment d'un coup de baguette magique de la fée Carabosse - de richesse en fardeaux

Ce goût de la trahison en bouche - de ceux de la hotte et leurs étranges fumets . Être là à souquer et eux à économiser encore et encore - assis sur leurs énormes réserves  . Le coup de la fameuse solidarité de paquebot ça marche un moment puis ... Sabordage ou changement de cap ?  Le tropisme de l'enquêteur - chercher et chercher et tiens qu'est-ce que ces petits arrangements ? La femme d'un dessinateur qui palpe - il n'y a pas plus spécieux qu'un abus de bien social .  Bim télescopage des logiques de celles des assis , de celles des debout - du c'est pas bien important on est entre copains , à celui qui regarde sa fiche de paie  . On se dit mais dans quel guêpier Nobili s'est fourré - passer de Mandeville aux vaudevilles

Des abeilles fécondant des plantes et parfois qui piquent si on veut toucher à leur miel . En 2017 le Canard enchaîné évoquait le livre écrit par des salariés de Kokopelli racontant une entreprise prédatrice et toxique  intitulé  - Nous n'irons plus pointer chez Gaïa . Les mêmes mécanismes à l'oeuvre les soit-disant vertueux prit au piège de leur propre jeu . Un grand classique finalement , les mauvaises graines ne germent pas - heureusement

Le contre-pouvoir - le vrai - c'est toujours lui l'ennemi du tourner en rond . Ce briseur d'unanimité , ce contrôleur des dérives . Ses ennuis avaient commencé avec la création  d'un syndicat maison - une première dans ce journal  . Pas possible de nous faire ça - à nous ! En mode start up - les copains d'abord - voyons vous venez pour participer à  une formidable aventure - passer du bon temps sur notre radeau  . A lire Nobili qui tirent à gros boulets sur ses capitaines médusaient qu'il décrit repus , vieillis et aimant les bonnes fréquentations on comprend mieux les tournures de ce journal . Froissant un peu les plumes des puissants mais dur avec les faibles - écrasant les Gilets Jaunes sous l'étiquette de complotistes . Vous comprenez ils ne sont pas du même monde .  Écrabouillant les réfractaires à l'idéologie prophylactique de leur mépris .  Bien dorés - laquais comme on dit

samedi 8 avril 2023

Lipp Lipp Lipp Bougnat


 

 

 Monter à Paris , monter de l'eau , monter du charbon , monter du bois 

Monter des affaires , monter à l'échelle sociale . Dans cette ville parsemée d'immeubles et de quelques  collines en passant par la Montagne Sainte-Geneviève  et la Tour Eiffel qui est leur phare  -  Paris rêve  de verticalité

Les bougnats d'affaire en affaire - les pas trop doués à terminer dans un rade de quartier à noyer leurs illusions - les doués à grimper au firmament  pour  décrocher leurs étoiles . C'était le cas  de Marcelin Cazes ce qu'il racontait dans ses mémoires intitulée - 50 ans de Lipp . La ténacité et le travail en vertus cardinales en y ajoutant  le sens de l'accueil et celui du partage . Ils avaient la mentalité d'aubergiste là où ne reste presque plus que des restaurateurs .  Car il en faut du métier - du sacerdoce - pour tenir de telles affaires . De la gniaque à revendre , ils étaient les fils de l'exode rurale , c'était cela ou crever de faim . Alors venir nourrir les autres pour gagner sa pitance . Ils partirent  des terres à moutons de l'Aveyron pour gagner celles aux millions .

Ce fût Leonard Lipp et son épouse Pétronille puis Marcelin Cazes et ensuite  son fils Roger et d'autres après . Ouvrir le livre aux feuilles jaunies - l'épousseter - surgissent des noms oubliés de presque tous , l'espace d'un instant ils dansent à nouveau dans la flamme des yeux des lecteurs . Un tour de bal , le brillant de la vaisselle et des miroirs dans tous leurs éclats - fermer le livre . Il se reposeront jusqu'à la prochaine danse si un orchestre ou un soliste passent dans le coin . Le remettre  sur les étagères de la bibliothèque , la poussière déjà est là . C'est donc cela  50 ans de souvenirs - ce presque rien .

C'est peut-être une des tentatives de l'écriture . Poser un point sur la page blanche -  un point d'encre - et l'étendre . Donner une densité aux instantanés




Chouette hommage de Louis Truc aux deux gardiens de son havre

samedi 1 avril 2023

De bibine en byline

 


 




  Dans les années Trente , Staline liquidait les hommes et les bâtiments - c'était une sacrée tambouille . Le pouvoir actuel cuisine aussi -  pour  ingrédients il a toujours les éternels militaire et administratif mais il y  a ajouté plusieurs louches d'argent et une bonne pincée de goupillon  orthodoxe . Reconstruction du tombeau de Dmitri Pojarski à Souzdal , de la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou ou de la déesse de la victoire Niké avec sa colonne à Saint-Pétersbourg . Dans ce travail de reconstitution - de fonderie - Zourab Tsereteli excelle . Au coeur des sarabandes d'inaugurations , popes chamarrés , militaires galonnés , officiels en costumes , hommes affairés , blondes fatalement  fatales , babouchkas en signe de croix et petites filles à bouquets de fleurs se mélangent . Il promène son air jovial et patelin en serrant des mains . La sienne est ornée d'une gigantesque chevalière tel un sceau . Pour apposer son empreinte sur les Grands projets et  Grosses réalisations aux dimensions du pays et de son influence réelle ou supposée . Des traces de griffes au revers des oeuvres  pour signature - une diplomatie d'empire

De tout cela il en est le parfait intercesseur . Embedded dans les soutes , dans les valises , dans les wagons ou sous la semelle des rangers des ursidés  . Ses réalisations sont principalement cantonnées  à l'est ou dans son musée-atelier de Moscou . Quelques-unes dans son pays natal - la Géorgie - son fameux " Noeuds de l'amitié " en moins . Célébrant l'union de son pays avec la Russie , il ne résista pas à la dynamite en 1991 . A Moscou il pouvait compter sur son ami le maire de la ville Iouri Loujkov . Pour l'export ce fût plus difficile , une seule réalisation d'envergure . Mais quel coup de maître , sous le patronage de Vladimir Poutine et de Bill Clinton , dans une banlieue de New York nommée Bayonne  , une goutte de métal suspendue tel un jambon  dans une brèche .  Un monument en hommage aux victimes pour stipendier les terroristes . Tous les terroristes - tous - suivez notre regard , surtout ceux de l'intérieur . A la chinoise ils  disent les Ouïghours ou les Tibétains . Gros sabots pour grossen propagande . Paradoxalement c'est bien dommage car à feuilleter son catalogue raisonné si il s'était tenu à ce type de réalisation - cela aurait pût être une force de proposition  .Une alternative sculpture dans  la contemporanéité .

Une amie me disait récemment c'est mieux de faire quelque chose que rien . C'est vrai dans l'absolu moins parfois des résultats . Il fait dans le grand - le monumental  pour ses sculptures et pour ses peintures dans le  bariolé . C'est une peinture aux coloris matriochka mâtiné de Chagall Picasso Kokoschka  . A la manière de , cela ressemble à , on sent l'inspiration de , c'est assez identique à , on dirait du , c'est très proche de ... mais ce n'est jamais du Zourab Tsereteli . Ou alors ce n'est que cela . En dehors des feux de la fonte - pas d'étincelles . Pas de torchère , mais  des lampadaires ceux du pouvoir - où il tournoie en  s'enrichissant . Les nuances sous-jacentes  sous cloche . En Russie ils disent sous bulbe

Marquer son époque à coups de griffes de cette grosse patte d'ours avide d'aventures . C'est cela cette envie de monumental -  scarifier l'espace . Cette soif qui les fait encore croire qu'il peut y avoir quelque chose d'autre que des socles vides . Il semble qu'en Occident - poser un bronze est une autre signification -   des étranges  tulipes du bouquet de Jeff Koons , au "Dirty corner " d'un Anish  Kappor à Versailles ou d'un " Tree "   de Paul McCarthy place Vendôme ... Cette totale disparition de ce que l'art sait faire - la mise à distance - naissance des esthétiques . C'est peut-être cela la perte cette incapacité à raconter des histoires  des vraies ou des embellies - du picaresque , du romanesque - et  pas que des colorées chatoyantes  immédiatement oubliées  .  Pour la fameuse invasion de la ****** par les ours - c'est autre chose - c'est leur tropisme manifestement - le pays remplaçable malheureusement .  Il faut croire qu'ils aiment les histoires fleuves - fleuves de sang

Les russes en balancier passant du  pire au meilleur ils en bouffent des autocrates et toujours pas rassasiés  . Ils sont encore capables d'ériger des statues  pour rendre hommage -  avec du figuratif tout simplement - de placer des hommes sur des socles , au-dessus d'eux  - et c'est beau . C'est un facétieux tour de passe-passe de l'Histoire qu'après les années de tabula rasa de l'URSS en écho à celle du capital qui avait pour fer de lance - abondance et libertés - ils se remettent à l'inverse à croire et à construire . Alors  il y a un Zourab Tserepeli pour s'y atteler et verre à la main de la retrempe - les bibines deviennent des bylines