jeudi 17 février 2022

Mon ami Thévenoud

 


 

 

Un livre de Thomas Thévenoud sur les taxis - c'est bien c'est une compilation de compilations - ça doit être cela les " nouveaux conquérants " comme ils se surnomment - le goût du pillage et du saccage . C'est l'assassin revenant sur le lieu de son crime ,  pour enfoncer chaque mot , chaque phrase - tel des clous dans la caisse . En travers de la gueule ce sourire du fossoyeur - ce rictus du " et oui mon ami c'est fini et n'oubliez pas de signer le livre de condoléances " . 

Ce fût la Commission pour la libération de la croissance française qu'ils disaient - décidée par Sarkozy avec à la manoeuvre Attali et Macron - tout un programme . Un programme assez simple , comment financiariser et libéraliser les derniers secteurs ayant échappés à leurs rouleaux-compresseurs . Éradiquer l'idée même de l'indépendance . Ne laissez que des miettes et les regarder s'entretuer en riant - Ah mon ami quel spectacle ! 

Il faut lire l'ignominie par exemple page 174 - 

" Comme des frères ennemis , on a cherché à opposer le chauffeur de taxi au chauffeur de vtc , en feignant d'oublier que c'est le même métier , parfois la même précarité malheureusement ... Quelle différence entre celui qui emprunte les fonds nécessaires à l'achat d'une licence de taxi et celui qui doit rouler toujours plus pour parvenir à boucler la fin du mois en s'acquittant de la commission qui lui est imposée par uber ou une autre application ? Il n'y a pas deux catégories de chauffeurs "

Il n'y a pas de différence entre un gouvernement ou l'autre - ils pratiquent le tir dans le dos . Quelle différence entre un artisan propriétaire de son outil de travail et celui qui repartira comme il est venu ? Il ne sait pas . Ils forgèrent ce néologisme ubérisation pour ne pas dire prolétarisation . C'est une prolétarisation généralisée des esprits et des corps , une soumission aux injonctions et aux notations . Ils les veulent fils des flux pour qu'ils repartent comme ils sont venus - tout nus




Impair et passe

 


 

 Passer les portes

 Tous les istes et les ismes ils posèrent les clés et se les firent dérober - par les geôliers . Pour les m(ass)es  des nasses . Partout ou presque que des portes automatiques , s'ouvrant toutes seules - c'est si bon . Et se refermant derrière vous . Passer les portes à genoux

 Passer les écluses

 Eux rêvent canaux  là où dans le Manifeste conspirationnisme  ils manient  les mots dynamites pour faire naître les méandres . Revenir   à la racine des mots celles qui s'abreuvent aux gaves et aux mangroves . Les différences entre les chapelles trotskistes furent sémantiques

 Passer les rives

Face aux moulins brassant flux la lance de la poétique . A brandir bien haut l'oriflamme de la radicalité pour porter l'estocade aux Hyperboréens . Eux les pisse-froid ils jouissent leurs fantasmes enfin réalisés - hygiénisme et prophylaxisme à tous les étages . C'était donc ça le programme faire disparaitre les maisons de passes pour que tous deviennent des putes

Passer les barbelés 

Il fallait une idéologie pour les sans-contact  - ils l'ont trouvé . Ce n'est peut-être que cela le système concentrationnaire du capital . Après tout ce fût une multiplication des garde-chiourme amusante . Il faudra relire la prémonitoire dystopie de Pierre Pelot - Delirium circus . Et relire Jarry , Ubu enfin roi 

Passer les frontières 

Après le prêt-à-porter généralisé , après la disparition des marges , ce fût une tentative d'investir le dernier bastion , la dernière frontière  - le corps . Pas d'autre projet c'est trop demandé . Ce n'est pas le problème des assignations mais de leurs significations