mardi 18 décembre 2012

La pensée d'un balai de chiottes

Il faut lire et relire ce que dit  Pascal Picq
et son balai à chiottes
dans le journal Le Monde car il est le parfait
résumé-représentant du principal mode de fonctionnement
de la  pensée occidentale  ou tout ce qui fut-est " découvert"
est systématiquement inscrit au passif au lieu de le considérer
en tant que richesse  : "Que pensez vous des débats sur " le propre de l'homme ?"
"Nos ontologies fondamentales, qui se sont forgées dans le bassin méditerranéen,
à un endroit où il n'y avait pas de grands singes, ont placé l'homme au centre du cosmos
en affirmant qu'il incarnait la vision finalisée du  progrès. Elles se sont employées à distinguer l'homme des autres espèces, en opposant nature et culture, inné et acquis, corps et esprit. Mais ces murs ontologiques qui nous ont conduits à beaucoup d'ignorance ont été profondément malmenés par l'arrivée des grands singes en Europe, au XVIIIe siècle, puis par  les études sur leur comportement dès les années 1960 . Nous savons maintenant qu'ils ont des systèmes sociaux très proches des nôtres.La marche debout, l'outil, le rire, les pleurs, la coopération, ,l'empathie, le bien et le mal, le tabou de l'inceste, la chasse, le partage de la viande, la culture, les traditions, la communication symbolique, la politique : ces caractéristiques que l'on croyait humaines sont présentes chez les grands singes. Freud l'a dit avant moi : les sciences ont infligé des blessures d'amour-propre à l'humanité. Elles ont montrés, avec Galilée et Copernic que l'homme n'était pas au centre du cosmos; puis, avec Darwin, qu'il n'avait pas fait l'objet d'une création particulière - il est simplement le produit de l'évolution des espèces; avec Freud ensuite qu'il était le jouet de son inconscient. L'éthologie a achevé de le faire tomber de son piédestal en montrant que les caractéristiques que l'on croyait propres à l'homme se retrouvent chez les grands singes. Finalement, il y a sans doute un seul vrai " propre de l'homme", c'est le récit : cette nécessité ontologique de construire des cosmogonies, des récits sur les commencements du monde. "