mardi 3 novembre 2020

Paris en ribauderie

 


 

 

 Farandole de la mémoire Jean-Claude Ribaut dans son livre Voyage d'un gourmet à Paris fait défiler les lieux où manger . Des institutions , d'autres disparus , des restaurants à foison  il faut nourrir une ville aux millions de ventres . Ce que Paris ingère et digère le plus sont les nouveautés . 

Le nouveau légume , le nouveau boulanger , la nouvelle céréale , la nouvelle façon de préparer , le nouveau boucher et le nouveau restaurant - et de crier hype hype hype hourrah . Il faut de la nouveauté à hauteur des collisions , à hauteur des blasements . Mais Ribaut est trop fin goupil être dupe de ces leurres . Il promène son palais enchanté de bouge en bouge  distribuant fines caresses et discrets coups de griffes . 

A arpenter midi et soir petite et grande couronne - un coup à finir en dentisterie . Le goûteur de restaurants est un explorateur il faut une sacré dose de courage pour mettre dans sa bouche la nourriture préparée par un autre , c'est à hauteur du dresseur de cirque posant sa tête dans la gueule du lion .  Il lui fallut survivre aux expérimentations moléculaires , gustatives ou esthétiques - les bras en avant tenant les couverts l'estomac en brouette . Un sacerdoce pour ça chapeau bas . Il faut aussi saluer le tour de force d'avoir tenu chronique une vingtaine d'années dans un journal , il suffit d'écouter ou de regarder une émission culinaire pour vous dégoûter à jamais de leur gluant passe-plats . Leurs bouches toutes rondes en cul de poule . 

La gastronomie est peut-être aux bâfrements ce que l'érotisme est à la pornographie 

Bon appétit