Farandole de la mémoire Jean-Claude Ribaut dans son livre Voyage d'un gourmet à Paris fait défiler les lieux où manger . Des institutions , d'autres disparus , des restaurants à foison il faut nourrir une ville aux millions de ventres . Ce que Paris ingère et digère le plus sont les nouveautés .
Le nouveau légume , le nouveau boulanger , la nouvelle céréale , la nouvelle façon de préparer , le nouveau boucher et le nouveau restaurant - et de crier hype hype hype hourrah . Il faut de la nouveauté à hauteur des collisions , à hauteur des blasements . Mais Ribaut est trop fin goupil être dupe de ces leurres . Il promène son palais enchanté de bouge en bouge distribuant fines caresses et discrets coups de griffes .
A arpenter midi et soir petite et grande couronne - un coup à finir en dentisterie . Le goûteur de restaurants est un explorateur il faut une sacré dose de courage pour mettre dans sa bouche la nourriture préparée par un autre , c'est à hauteur du dresseur de cirque posant sa tête dans la gueule du lion . Il lui fallut survivre aux expérimentations moléculaires , gustatives ou esthétiques - les bras en avant tenant les couverts l'estomac en brouette . Un sacerdoce pour ça chapeau bas . Il faut aussi saluer le tour de force d'avoir tenu chronique une vingtaine d'années dans un journal , il suffit d'écouter ou de regarder une émission culinaire pour vous dégoûter à jamais de leur gluant passe-plats . Leurs bouches toutes rondes en cul de poule .
La gastronomie est peut-être aux bâfrements ce que l'érotisme est à la pornographie
Bon appétit
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