vendredi 18 septembre 2015

Mano à mano

C'est une de ces mains molle à serrer

Qui deviendrait dure à tenir le manche du couteau

Si tu lui tourne le dos

Cool , cool , cool

Le cool en vaseline des m(ass)es

Le Grand Arrachement - Qqs éléments La billebaude Henri Vincenot




Aux portes de cette Atlantide se refermant , Henri Vincenot loupe à la main capta les ultimes  rayons pour roussir le papier , il sera le dernier

- Ainsi , descendant de Compagnons et de Maîtres , je me sentais un peu comme la petite feuille terminale et inutile de la branche desséchée d'un très grand et très bel arbre qui mourait , debout , foudroyé - page 225

En bon alchimiste les nuages , les paysages de ce pays chevelu , les hommes , les animaux ... qui sont passés à travers lui en ressortirent magnifiés . L'incipit est insoutenable de beauté - le trésor des Incas à côté de cette Bourgogne - de la daubinette - et heureusement qu'il ne continue pas sur sa lancée , pour ne pas aviver les regrets d'un monde englouti et pour protéger sa chaudière qui aurait avalé toute les forêts de son pays , si elle eut supporté autant de chauffe . De méandre en méandre de cette écriture d'autres résurgences jaillissent dans le texte , mais moins puissantes .

Un monde meurt succombant à un autre , une saignée d'hommes

- Ce n'est que plus tard que je compris encore autrement les choses , mon " exceptionnelle intelligence " n'avait pas encore à cette époque la maturité voulue , ni l'expérience pour se cabrer contre l'écrémage du monde rural de l'artisanat et de l'agriculture qui lui enlevait ses meilleurs éléments dès le certificat d'études primaires pour les verser à jamais dans le monde de la théorie , pour en faire des administratifs , des bureaucrates (...) des ingénieurs , des inutiles coûteux des nuisibles bien payés , perdus à jamais pour le monde sain et équilibré de l'ouvrage bien fait - page 148

Ce fût une tentative à la Chassary  de défendre une langue - le provencal - dont les élites ne voulaient plus entendre parler - Lou Vi dau mistèri - Le vin du mystère .
L'anglomanie devint celle de tous .

Il y eut rupture quand les tracteurs déboulèrent à travers champs , que les automobiles traversèrent les pays en cisailles , ce pas de l'homme accordé au rythme du monde n'était plus . Arpenteur du réel , naisseur de rêves , cette billebaude de la chasse qui est celle de l'écrivain , celle de l'instinct , trouvant un mot ici , cueillant une pensée là haut - pas après pas avant que le bitume ne recouvre tout .

L'homme libre  , paysan , artisan , braconnier , colporteur , chasseur .... enchâssé dans sa communauté et son pays mais non dépendant  des forces extérieures si ce n'est celle de la nature .

- Il me faut vous dire  (...) que la Montagne et le Vignoble , immédiatement voisins ,si différents et si intimement complémentaires , ont pratiqué depuis le fin fond des temps , un échange astucieux , un "troc" naturel et bien préférable à n'importe quel système bancaire ou fiduciaire , car il échappe à tout contrôle , toute fiscalité directe ou indirecte , à tout contingentement , à tout dirigisme , tout en provoquant les fameux contacts humains (..) qui avaient en outre l'avantage d'être aussi anarchiques que spontanés . page 299-300

Les vortexs en embuscades dispersèrent ce monde là , ce fût la fin de la cohabitation à l'écorce - le Grand Arrachement - l'avènement de l'entre-deux  avant l'apesanteur souhaitée .

Il faut lire dans un autre registre - celui qui ramasse les débris à la surface des flots - Georges Dubouchet en frère de cœur et continuateur .

Des aèdes à la head .