dimanche 12 janvier 2025

De la débâcle aux embâcles


 

 

 Partir du constat qu'une rivière naturelle et la course d'obstacles de l'eau dont le castor est un des auteurs fonctionne mieux qu'une rivière transformée en canal . L'eau dans le rythme de la lenteur hydrate tout et accueille la vie . C'est le contraire d'une rivière qui ne fait que couler et dont les rives sont incisées - l'eau emportant avec elle les sédiments et n'irriguant pas - une rivière ,  l'idéal c'est quand elle est à fleur de terre prête à déborder , prête à lécher les champs et les prés  . Les flux à toute berzingue cela ressemble aux cultures où la vitesse empêche désormais toute formation de syncrétisme . C'est ce que disait déjà Jean Giono dans L'homme qui plantait les arbres - la main pour faire revivre un pays  . C'est ce que raconte à sa façon  Baptiste Morizot dans son livre intitulé   - Rendre l'eau à la terre - Alliance dans les rivières face au chaos climatique - illustré par Suzanne Husky  . Il reprend les travaux de Kevin Swift à la sauce française - en conceptualisant . Le texte est divisé en 880 morceaux , autant de chapitres qu'il a taillé pour les enfoncer dans le lit des rivières et transformer notre regard sur elles . 880 bouts-rimés avec la nature - une poétique à l'oeuvre . C'est un troubadour qui pour rendre hommage et oublier son effarement devant les dévastations entonne son chant du monde . Après la théorie place à la  pratique , dans les ripisylves de sa Drôme , il suffit de l'apercevoir  bottes aux pieds pour voir un homme heureux - en accord aux lieux  . Une forêt alluviale c'est le même mariage qu'une mangrove - la terre et l'eau qui s'embrassent - c'est chaud patate  . Dans un reportage diffusé sur Arte ( en 2021 )  à propos de  l'Inn cette rivière alpine , il est montré que  partout où elle est renaturalisée  , en peu de temps le vivant revient - loutres castors , chevalier guignette  , bihoreau gris et butor étoilé - ce qui est rassurant ,  il faut juste de la  volonté . A la René Dumont levons notre verre d'eau pour trinquer avec Baptiste Meaurizeaut qui vient d'écrire avec son livre , un nouveau chant de canari . Brinde ! 

Il y a quelques jours dans cette Limagne livrée aux céréales et aux exploitants agricoles , je passais rendre visite à l'un d'eux . Sa cour était jonchée d'étourneaux morts  , je m'en étonnais . Ah ah ah qu'il m'a dit , qu'est ce qu'on a bien rigolé hier soir , on a fait un bon ball-trap . Ces oiseaux ça fait un bruit pas possible , ils servent à rien et ils chient partout . Il m'a semblé à ce moment là que tout s'obscurcissait , le ciel , la végétation , même les paillettes d'or de leurs habits de lumière qu'ils sèment en volant coulaient dans le sol pour ne laisser que leurs plumages noirs couleur linceul . Des loups , des ours , des rats taupiers , des pies , des goupils , des geais , des castors et des ragondins , des martres et des belettes , des pigeons en ville , des sangliers dans les maïs  et tous les autres - tous coupables , tous nuisibles . Juste bon à exterminer , ils sont nos rivaux car ils occupent les mêmes habitats ou zones de loisirs que nous . Faut-il surfer ou se faire embêter par des requins ? Pour les castors ce fût le même sort , ils causent des inondations et font un bordel pas possible avec leurs dents rectangles orangés types DDE . En un sens entre eux ou nous c'est la logique du Grand Remplacement qui s'applique . Pour terminer sur une note plus heureuse me reviens en mémoire ce que raconte le picaresque Roland Feuillas dans son livre - A la recherche du pain vivant - il dit que chaque fois qu'il est au sommet d'une colline , d'un tertre , d'une montagne il pisse aux quatre points cardinaux . Il n'est pas certain que la méthode soit validée par les ingénieurs hydrologues - mais on sait jamais .