Kintsugi

 

2109

 Pas à pas

 Passent les silhouettes entre les barres d'ombres 

Ils traversent les grandes dalles en ciment blanchi 

S'engouffrant dans des voitures , des halls ou des métros 

Pas à pas passent là où là pas à pas les uns et les autres 

Puis disparaissent accompagnés de houaiche-houaiche psalmodiés 

Au rythme de leurs passages 

Pas à pas 

Pas à pas 

Pas à pas 

Lettre(s )

 

Telle une banquise

 

De l'air dans l'air

 

2108

 Des jantes couleur or à la Subaru , des ailerons surdimensionnés , des pots d'échappement à la tuyau de poêle , des peintures flashy , des sièges baquets , des ceintures harnais , des moteurs survitaminés , des volants sport , des baffles hurlant les watts

Du tuning en action puis ce fût celui des corps avec le tatouage

2107

 C'était peut-être cela cette steppe 

Celle non pas de ne plus croire aux histoires que tu racontes 

Mais de ne plus croire à celles que tu te racontes

Architecture 50

 Le moche ou le banal presque partout 

Le capital a assassiné l'esthétique et s'est débarrassé du corps 

Pour faire disparaitre ses traces

Un point c'est tout

 Là à répondre aux questions , exercice dans lequel l'écrivain sort rarement grandi 

Il n'est plus dans les conditions de création - ce moment où l'attention est absolument concentrée dans son sujet . Où tout les faisceaux s'assemblent - temporairement - avant de passer à autre chose 

On lui demande d'expliquer un point - là où il n'est qu'un des milliers de ce tableau pointilliste qu'il élabore . Que ce n'est pas forcément le plus important - qu'il l'était peut-être et qu'il ne l'est plus - qu'il a changé de toile 

Cette tentatrice - l'explication n'incluant pas les contradictoires et le reste

Dans les ténèbres brille de tous feux la  boule à facettes 

Un point c'est tout

2106

 Ne reste d'eux

Presque rien

Des souffles 

Que nous inhalons

Albator en charge de cavalerie légère

 

 

 Un coup de sabre à la lèvre , une balle lui traversant les joues en tentative de plombage , une autre dans la cuisse de la part d'un autrichien et enfin une dans la poitrine  à Marengo le 14 juin 1800 - fin de chevauchée . La bravoure ne résiste pas aux projections - une forme de continuité  - pour  le Chevalier Bayard  mort en Italie aussi , ce fût d'un coup d'escopette . De l'encre pour écrire les légendes noyées dans des fleuves de sang - dans cette bataille les corps jonchent tout  6000 d'un côté  , 9000 de l'autre - ça fait  quinze mille et ce ne sont pas ceux de  Bruno Fuligni . En bronze sur la place de Jaude à Clermont-Ferrand deux statues - l'une de Desaix , l'autre de Vercingétorix - deux guerriers finalement  vaincus - reste la geste

Napoléon par le truchement de Las Cases dans le Mémorial de Saint-Hélène lui tresse un bien bel hommage " Le talent de Desaix était de tous les instants ; il ne vivait , ne respirait que l'ambition noble et la véritable gloire . C'était un caractère antique . Il aimait la gloire pour elle-même et la France au-dessus de tout . " Antique c'est beau il  n'est pas possible de dire mieux - monter à cru le fatum . Gonzague Saint Bris  en grands moulinets de rapière stylo  retrace cette vie  aussi alerte que fût la sienne - cavalcades d'écrivain . Il se présenta à de multiples reprises à l'élection pour un fauteuil de l'Académie Française - débouté à chaque fois . Une sorte de running gag . Après tout , après avoir tant guerroyé , une épée plantée dans le sol - devient une croix

2105

 Il observe le ciel étale de ce début janvier

Avec son accent so british il dit 

- Let's go for one mort day

Payé à l'étoile

 

Undercover

 Tu dis que tu rajoutes 

Tuile après tuile 

De toi 

Pour faire couverture

C'est de la balle

 

De rebond en rebond elle est passée

D'une année à l'autre 

C'est vraiment de la balle !