vendredi 8 janvier 2016

Unsui sur japon





Assit , immobile depuis des heures  , peut-être des jours . Ryôkan déploya lentement ses bras à la cigogne en vol , il ouvrit ses branchies à la carpe plongeant dans les profondeurs de l'étant et il inspira . Il inspira les bambous , les chants des oiseaux , le vent , la pluie , les nuages ,  les saisons , les étoiles et les planètes  , les fleuves et les prairies , les déserts et les montagnes .... Et doucement il souffla , souffla , souffla ,  des wakas et des haïkus , des  sulfures du temps , des kairos  fossilisés à l'ambre attendant pour leur résurrection le lecteur frissonnant sous leur fraîcheur . Il se leva et descendit dans la vallée retrouver les garnements du village pour disputer des batailles de brins d'herbe ( chacun choisit un brin d'herbe solide , le passe derrière celui de l'adversaire et tire , gagne celui dont le brin  ne casse pas ) . Demain , après-demain ou dans une semaine il reprendra le zazen et enverra tout ça avec son bâton et son bol , loin , très loin , jusqu'au prochain . Il y a du souffle chez Ryôkan , pas la force de frappe d'un Bashô ou d'un Li Po , mais c'est un bon praticien agréable à lire en contemplant les koïs  tâchées , qui sait de son encre peut-être .