vendredi 26 avril 2024

Instantané

 Huguette fêtera ses quatre-vingt-dix-sept rotations ce dimanche . Elle , en mécanique vaillante et grinçante . On échange sur l'air du temps . Elle me dit 

- Les gens sont à l'envers , le gouvernement , le monde entier est à l'envers 

Je la découvre théoricienne . A jeun ou peut-être le contraire , il disait " Le vrai est un moment du faux "

- Vous avez connu la guerre ?

- Ah c'était horrible ! Les allemands ces peaux de vache avaient bombardés pas loin de la maison . Ils ont massacré des maquisards . On avait faim , les hommes c'étaient des bons à rien pour faire le jardin . Ces saletés de boches plusieurs fois ils m'ont décoché des coups de pied et ils savaient bien les placer

- C'était vraiment une dure époque 

- Mais vous savez me dit-elle en posant sa main veinée vineuse sur mon bras - Maintenant c'est pire

Bulles


 


 

 



Bulles, Bulles , Bulles , Bulles , Bulles 

Dans le ciel des mots 

Pâte de vers soufflés

 

dimanche 21 avril 2024

Live and Let Die


 

 

 Guerroyer , guerroyer ,  porter la bannière estampillée condottière . Commencer jeune à treize ans , tuer un camarade de son âge - une vocation . Puis le jeu de la guerre , des escarmouches , des cartels de défi , des mises à sac. Passer de l'un à l'autre au gré des alliances et des propositions  . Se reconnaitre avec l'Arétin tels des chiens dans la fureur de vivre des matins . Guichardin disait en 1521 " Notre nature est de vivre au jour le jour , et pas autrement " - Jean de Médicis en fait son interprétation et sa mise en application . A son acmé des projections - devenir projectiles - être tué par l'un d'entre eux - il n'y avait pas d'autre issue 

C'est cela que décrit Florence Alazard dans son livre qui porte le cachet de l'époque - démythification et genre à tous les étages .  A nous , à moi - toujours vague après vague à l'assaut du monde , des surgissements enfiévrés par les combats - d'autres se lèvent et recommencent . De nouvelles conquêtes à sabrer - des marchés à gagner - c'est mieux déjà . C'est ça la civilisation - la transmutation des champs de batailles .- les corps jonchent les villes . Jean des Bandes Noires gonfanons claquant aux vents - verticales ou horizontales elles sont de sang séché . Les estradiots en nuées passent - posent un pied sur la marche de l'Histoire - puis disparaissent décimés et oubliés . Entonner une marche funèbre  au goût du sang noir - en leur souvenir à tous - Tiens, voilà du boudin, voilà du boudin, voilà du boudin

2123

 D'un  geste immémorial 

Elle frictionne vigoureusement le corps caverneux 

Pour faire jaillir le feu

lundi 8 avril 2024

Voilà fiction !

 Les sautes-dessus qui débarquent une fois de plus - eux aussi ils veulent leur shoot d'adrénaline . Courir dans les coursives avec la Chabrand en bandoulière . A chiper , A choper - rien n'a changé . Se retrouver l'un face à l'autre - ouais mais là tu as décidé de la jouer autrement . Bien sur que tu le reconnais - lui aussi . Mais cette phrase qu'est que tu veux - à la Scarface - elle te tourne dans la tête depuis des jours . Tu sors le calibre et tu l'interpelle - Alors t'es nouveau ? Tu viens pour charbonner ? Sans même attendre sa réponse . Bam tu lui tire dans la tête . Il s'effondre mort . I shot the sheriff et c'est tragédie - ça y est c'est fait . Voilà fiction !

dimanche 7 avril 2024

Voilà fiction !

 Et qu'est que tu crois qu'on allait se la faire à la limande ? Nous on voulait bouffer du turbo tous les jours . On en voulait pas de ces vies des bondagés tout seuls et de leurs calculs d'étriqués . La flamble la vraie celle qui te fais feux d'artifices et danser les synapses  .Blam là tu as envie tu poses direct . Ce goût là tu sais une fois que tu l'as en bouche - tu le reconnais toujours . Avec sa mèche , sa drôle d'élocution , sa tête de hamster , son vice en carburant - Arnaud Mimram c'est notre Joker à nous . Il voulait faire l'épate à soi et aux autres - tu sais bien à ce niveau là - à risques et périls . Voilà fiction ! 

6 + 12 +15 +

 Un ptit mot pour vous saluer 

Ah je recompte cela fait 6

Et  maintenant 12 !

15

La conversation en additions

samedi 6 avril 2024

2122

 Les deux sexes se rapprochent 

S'étudient 

Tels des aliens

Aux Champs-Elysées

 Dans les contre-allées que par affection nous nommons Champs-Elysées 

Sous les frondaisons naissantes des platanes en alignement 

Pousser du pied des morceaux de bois secs 

Ils ont la sonorité d'os de squelette - un bruit sec et clair

lundi 1 avril 2024

Mille et un fait-divers


 

 Un créancier sort , un autre sonne à la porte d'entrée - l'un finançant l'autre . Une mécanique bien huilée avec parfois quelques couacs - des portes qui claquent et distribution de bourres-pif . Un bel hôtel particulier , des invités de marques , des équipages aux armes , de la domesticité en livrée , des bijoux et de belles robes - montrer l'opulence - le palais des mirages . En guise de gage - le fabuleux héritage des Crawford - d'Amériques bien sur . Après avoir fonctionné pendant plus de vingt ans ! La mécanique se grippa .  A la demande des créanciers ce fût l'ouverture du coffre-fort pour y dénicher le fameux testament - dedans , rien , si ce n'est les espoirs envolés . Quelques-uns furent ruinés , d'autres se suicidèrent - des dégâts humains et financiers - le tragi-comique en action . C'est ce que décrit Hilary Spurling dans son livre consacré à la Grande Thérèse - celle qui vous mettait dans de beaux draps pour ne vous laisser que l'alaise

Des brouteurs bien carnivores , des politiques en carton-pâte , des influenceurs ayant à fourguer quelque chose , de la marchandise faisandée , des monnaies virtuelles ... des hameçons bougent aux vents mauvais du moment . En 1902 à l'ouverture du coffre-fort c'est la fin d'une pièce de boulevard - un vaudeville . En 1914 il y a aura l'ouverture du théâtre des cruautés alimenté par la combustion des grandes illusions - sacrée pétaudière . Un fait-divers chasse l'autre , certains restent dans les mémoires , à tort ou à raison - plus chanceux ou plus emblématiques . Un observateur du procès Bernard Madoff apercevant un vol de ramiers traversant le péristyle du tribunal soupira cette pensée - Ce qui est fascinant ce qu'il y a toujours  quelque part , en ce moment même , en cours une petite ou grande escroquerie qui finira par exploser en plein vol .  C'était une fiction dans laquelle certains étaient entrés - la plus grande valeur ce n'est finalement  pas tant l'argent carottée que la confiance trahie . Écouter ou raconter des histoires  maintenant en (i)mages - au temps de l'or , de la myrrhe et l'encens , Shéhérazade après mille et une nuits trouva son salut

samedi 30 mars 2024

Terres de sang


 

 

 

 Le cliquetis des armes d'hast , des lances , des épées et de tout ce qui peut frapper ou transpercer  - les armures et les corps .  C'est la mêlée sauvage indistincte  , en ressortir couvert de gloire ou de sang - vivant ou mort . Ils ne faisaient pas dans la demi-mesure pour leur ordalie . C'est la charge des chevaliers - char d'assaut de l'époque - protégés par leurs armures et  la valeur de leur rançon  si ils sont capturés - si serrés qu'il disait en frappant - Père , gardez-vous à droite ! - Père , gardez vous à gauche ! C'est un moment de bascule que raconte Jean Jacquart dans sa biographie de Bayard - celui ou la puissance de feu ( artillerie , arquebuses et avant toutes les armes de jets ,  les arbalètes et  les arcs ) - devient supérieure aux protections . Celui où le talent de guerroyer , la bravoure , la prudence ,  la témérité ,  la hardiesse sont remplacés par la loterie du champ de bataille . De sacrés caractères ! Les Louis d'Ars , Franz Von Sickingen , Robert de La Marck , Bartolomeo d'Alviano , Jean des Bandes Noires , Anne de Montmorency , Pedro de Pas ... et le chevalier Bayard qui fût tué le 30 avril 1524 par l'arme des lâches - la distance - d'un coup d'escopette .  Jacques de Mailles le Loyal Serviteur tressa pour son ami le plus bel hommage qui soit possible d'offrir - un linceul de mots à destination des siècles à venir - pour y retenir les larmes et les  brumes d'une existence . Bayard écrivait toujours son nom avec un t en terminaison

Dans ces guerres d'Italie que Jean Jacquart comparent à d'éternels recommencements , aux alliances mouvantes où il avoue que même l'historien patenté ne s'y retrouve pas toujours . Une bataille au hasard , celle de Ravenne pour le jour de Pâques le 11 avril 1512 . Tant et tant de morts de chaque côté qu'un contemporain effaré écrivit " Depuis que Dieu créa ciel et terre ne fut veu ung plus cruel et dur assault " . Puis tant d'autres Marignan , Pavie ... Des campagnes transformées en triperie à ciel ouvert . Le résultat des emportements , de la fougue , de  l'humeur batailleuse , de la fierté , de la volonté de se mesurer  - des hommes qui se projettent les uns contre les autres - des cailloux qui deviennent sable . En MMA les deux qui s'affrontent se transforment mutuellement en sac de frappe . Les duels décimèrent la fine fleur des plus téméraires . Maintenant ils font du clic derrière leurs écrans - c'est moins sanglant et encore moins mémorable semble t-il . C'est cela qu'est devenue la furia francese - des vaguelettes . Avant ils faisaient des cocoricos en chargeant et de leur sang versé naissaient des champs de coquelicots . Il en reste , il suffit de se verser un verre de vin italien pour percevoir dans son palais l'âcre et les aromatiques toujours présents - toujours présents en 2024 après cinq cent ans . A la tienne Chevalier Bayart





Monde flottant

 A la surface partout 

Flotte le balsa de leur fictionnel 

Porté par les flux du jour passent

Des tumbleweeds annonciateurs des déserts