Elle approche dit
- Bonjour ça va ?
Elle ne parle jamais beaucoup
Elle dit que sa présence est discours
Les hommes en deviennent ventriloques
Elle approche dit
- Bonjour ça va ?
Elle ne parle jamais beaucoup
Elle dit que sa présence est discours
Les hommes en deviennent ventriloques
La vérité surgissant des acronymes - celle du capo di tutti capi
rackettant ceux n'ayant pas respecté sa loi à lui
L'Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués c'est son bras armé , les voleurs volés - AGRASC - ils prononcent de leurs bouches en cul de poule
La Grasse et c'est tout un programme de cet état qui fait ventre de tout
Longtemps
Très longtemps
Collés l'un à l'autre
A l'oreille elle lui dit
- On fait soudure du temps
Au-dessus des masques
Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme…
En variant le ton, – par exemple, tenez :
Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez,
Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse ! »
Amical : « Mais il doit tremper dans votre tasse
Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »
Descriptif : « C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap !
Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! »
Curieux : « De quoi sert cette oblongue capsule ?
D’écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? »
Truculent : « Ça, monsieur, lorsque vous pétunez,
La vapeur du tabac vous sort-elle du nez
Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
Prévenant : « Gardez-vous, votre tête entraînée
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! »
Tendre : « Faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
Pédant : « L’animal seul, monsieur, qu’Aristophane
Appelle Hippocampéléphantocamélos
Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d’os ! »
Cavalier : « Quoi, l’ami, ce croc est à la mode ?
Pour pendre son chapeau, c’est vraiment très commode ! »
Emphatique : « Aucun vent ne peut, nez magistral,
T’enrhumer tout entier, excepté le mistral ! »
Dramatique : « C’est la Mer Rouge quand il saigne ! »
Admiratif : « Pour un parfumeur, quelle enseigne ! »
Lyrique : « Est-ce une conque, êtes-vous un triton ? »
Naïf : « Ce monument, quand le visite-t-on ? »
Respectueux : « Souffrez, monsieur, qu’on vous salue,
C’est là ce qui s’appelle avoir pignon sur rue ! »
Campagnard : « Hé, ardé ! C’est-y un nez ? Nanain !
C’est queuqu’navet géant ou ben queuqu’melon nain ! »
Militaire : « Pointez contre cavalerie ! »
Pratique : « Voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traître ! »
– Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit
Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot !
Eussiez-vous eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n’en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d’une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve.
Au-dessus des masques pointent l'esprit français
Celui frondeur d'afficher le bout du nez en transgression
Celui toujours en pointe
Pour dire qu'on n'est pas dupe de se laisser mener par le bout
Que cet air du temps on ne le respire que d'une narine
Que ce glorieux appendice est prêt à batailler de taille et d'estoc
Peut-être qu'ils veulent le couvrir pour qu'on ne sente le charnier de leurs pensées
Un ami me disait récemment dès que j'y pense je jette un masque par terre
Afin que cette souillure soit bien visible
Cela ressemble aux djeuns catapultant par la vitre de leurs voitures
Les emballages des burgers
Au-dessus des masques s'affiche une résistance
- As tu entendu l'autre jour ils disaient que le féminin est beaucoup plus vertueux ?
- Oui c'est un spot publicitaire
- Oui c'est ça
Plus puissant que de l'héroïne
L'émotionnel directement injecté dans l'oeil
C'est un redoutable carburant
Ça clignote de partout , du mouvement tout le temps
Des couleurs chatoyantes , des bruits forts divers
Le numérique ressemble à une fête foraine
Mais une fois les lampions éteints
Ne reste que la désolation
L'autre jour en croisant une passante de passage dans sa ville
Qui lui a demandé
- Bonjour , savez vous quelles spécialités gastronomiques je peux goûter dans votre ville ?
- Bonjour , oui bien sûr il y a un kébab au bout de la rue , une pizzeria à votre gauche , un KFC sur la grande place et notre gastro réputé tous ses produits sont sourcés de chez Metro qui est là juste à côté
- Grand merci ça fait envie , je vais essayer
- Il y a pas de quoi
A chaque coin d'écran , un étrange fumet
Chatouille les narines
C'est celui des hommes-sandwich
Ils sentent le panini
Pierre-Alexis de Ponson du Terrail , Eugène Sue , Honoré de Balzac , Alexandre Dumas ... Auraient-ils écrit ou filmé si ce moyen technique avait été à leur disposition ? Ou peut-être tout simplement auraient-ils scénarisé davantage leur écriture . Cette envie de fiction se retrouve autant dans un jeu vidéo qu'un roman . Il y a tant de tuyaux à remplir que la viscosité de la matière n'est pas égale .
Embedded avec Sigrid Nunez un incipit interminable à s'endormir et oh un coup de théâtre , tout ceci n'est donc qu'une histoire . Un exercice qu'elle veut piqûre de rappel du pouvoir de l'écriture - bon ça vaut pas du Boileau-Narcejac . Des ateliers d'écriture aux écoles des Beaux-arts de grandes parenthèses en bâillements .
Des mécaniques fictionnelles il y en a à chaque coin de rue alors pourquoi pas lire , regarder ou écouter telle ou telle après tout il y en pour tout les goûts . Mais de la mémorable pas tant que ça - souvent au-delà de l'histoire racontée il manque un ingrédient - l'huile du style .