Mots , phrases , textes
Ramassés , enroulés à la gunpowder
Pour les déplier
De l'eau-de-vie peut-être
A moins que se ne soit tout simplement de la salive
Mots , phrases , textes
Ramassés , enroulés à la gunpowder
Pour les déplier
De l'eau-de-vie peut-être
A moins que se ne soit tout simplement de la salive
Lire un essai ou un livre sur un thème précis c'est chercher à se rancarder . Ce qui amène à la fiction peut-être l'attrait pour un écrivain , le sujet évoqué , la surprise escomptée , l'effet recherché surtout si c'est dans un genre particulier - polar , science-fiction , politique ... Ouvrir un livre est aussi une façon de dire - Et bien surprenez-moi ! Que le temps qu'on passe ensemble ai est un goût de reviens-y , de mémorable . Que cet alliage d'imaginaire et de sa mise en forme soit absolument singulier . C'est peut-être cela l'inflation de la fiction , celle de l'oubli de la nécessité si ce n'est celle du remplissage des pages ou des écrans
Il y avait dans La Récitante d'Ève-Marie des Places deux promesses , celle d'un style , un grand style même si j'en crois la fréquentation des auteurs cités , c'est plutôt celle du marché des fruits et légumes passés à la cire - ça les fait briller . L'autre de matérialiser le désir en mots et phrases et pourquoi pas sacré programme de boudoir ! Ce goût du piment infusant les textes , les mains chaudes de tourner les pages . Remettre de la littérature libertine - en formes - dans les flux . Mais ici rien de tout cela que de l'épigone à la Marie Shelley tentant de trouver un chemin entre la bouche du haut et celle du bas . Entre les deux ça a donner ce texte , une sorte d'exercice de ventriloquie .
Sur son pas de tir chaque livre porte un projet - esthétique parfois . Il semble que celui de La Récitante soit de donner corps aux borborygmes et il semble que ce soit une réussite . Pour le Dahu de l'écriture il faudra chercher ailleurs
A pleine brasse pour s'y mouvoir , parfois consistante à d'autres endroits de la semoule
Résolument froide des fois encore tiède
Impossible d'arriver à deviner si c'est monter ou descendre
Des nuances de gris , de blanc , de noir - des strates aussi - correspondant à quoi ?
Il s'est passé quelque chose vraisemblablement
L'odeur du tabac , celle du bois , celle d'essence , celle du savon
Il faudra retrouver l'herbe verte
Porter en soi ses Pompéi
Le livre de Fabrice Flipo - La numérisation du monde , un désastre écologique , c'est technique avec beaucoup de chiffres , il semble qu'il soit très en colère contre le Crédoc qui est aussi technique avec beaucoup de chiffres . La dématérialisation reste bien concrète que se soit son empreinte énergétique grandissante ou sa consommation sans limite de matériaux et de terres rares . Il suffit de constater l'essaimage des pylônes d'antennes 5G couvrant le visage de ce pays à la Hellraiser . Il fait le constat que cet objet protéiforme est au service de la rationalisation des chaînes - de valeurs , de logistiques , d'informations ... Cela ressemble à la pêche électrique ou à celle utilisant ces filets raclant les fonds des océans - une fois qu'ils passent ne subsiste rien , si ce n'est ce bruit de ferraille des maillons , celui du spectre du capital
Ce fût un sacré truc ces périodes de confinement un avant-goût de leur souhaitable - un test . Terminer de faire disparaitre le moribond espace public pour le remplacer par le non-frictionnel . Apéros à distance , travail aussi , livraison de nourriture et de marchandises ... tout un programme . En main cette télécommande rectangulaire magique nommée encore improprement " smartphone " mais qui est un ordinateur de poche . C'est le fameux bouton du mandarin désormais à disposition de tous et tout le temps - bon , maintenant il liquide surtout les travailleurs
C'est la numérisation à marche forcée de toute une société , ne laissant aucune alternative . C'est une idéologie se répandant partout , occupant le moindre espace et stigmatisant ceux qui refusent son jeu . La numérisation est une mantille posée sur le réel . Elle est l'avant-garde de cette économie . Peut-être aussi est-elle cette fameuse matière noire , celle remplissant les espaces entres les millions et les millions de ces sociétés de masses . Dans le ciel obscurci ne scintillent plus que des écrans
- Ping
- Pong
- Ping
- Pong
- Ping
- Pong
- Ping
- Ping
- !
Ping
- Ping
- Ah ah
Pong
- Ping
- Pong
- Ping
- Pong
- Pong
- !
Pong
- Pong
- Ah Ah
Ping
- Pong
- Ping
- Pong
- Ping
- Pong
- Ping
- Pong
Yellow cab de Benoit Cohen c'est l'histoire d'un type anémié complet qui cherche à se faire perfuser du romanesque . Il se dit tiens pourquoi pas devenir taxi à New York et oui bonne idée pourquoi pas . Tout cela donne un récit dans la veine de Vis ma vie .
Chabouté c'est autre chose , c'est une réinterprétation d'ailleurs - page de couverture il titre d'après le roman de . Et ? Et c'est mieux l'âpreté du noir et blanc , les saccades des métropoles mangeuses d'hommes et ne recrachant rien . Des millions et l'amusante plasticité . Eux tels des atomes lancés à toute berzingue en tous sens et se rencontrant parfois . Parfois où ? Dans un taxi par exemple
Parfois la vérité dans sa simple nudité . Il n'y avait rien d'autre quand un cadre du groupe TF1 décrivant son infotainment de basse qualité étant du " temps de cerveau humain disponible "
Il ne faut pas chercher autre chose dans les propos E.Leclerc disant que ses magasins pourraient être interdit à ceux ne possédant pas de passe-vaccinal
Après tout dans leur moderne Palais des Glaces l'essentiel c'est de voir à travers les vitres - et c'est tout . Fermer les portes une après l'autre . Ils ont hésité à laisser les gens crever de faim , mais l'intention était proche . Ce cher Edouard bien sur ça l'aurait chagriné - de perdre du chiffre d'affaire . Mais bon avant tout rester ouvert . C'est cela qui lui a échappé - sa vérité toute nue
Hop pour la faire oublier en bon couchologue lancer diversion sur le prix de la baguette . Voyons une bonne baguette aux concentrés pour les pouilleux , ça ne se refuse pas . Merci patron
Le monde marchand n'est rien d'autre qu'une tentative de faire disparaitre le négatif . D'araser les reliefs , de ne laisser subsister que les plaines . Que du lisse , afin que tout glisse
Glisse dans leurs abymes
Tout à coup tout un tas de types à mines aussi blanches que leurs blouses débarquèrent et tout devint hôpital
Si demain un de ces types en uniforme de policier , de gendarme , de militaire , de pompier , de gardien de prison vient faire le même spectacle se sera terrible
Ce fût la bleuite généralisée
Même un des rares à résister notre Panoramix explique se laver les mains cinquante fois par jour . Ils pensent que nous sommes des rats de laboratoires ? Vraisemblablement ce fût une expérience grandeur nature de soumission d'un peuple . Jusqu'à quel point ces modernes flagellants sont-il prêts à aller ? Jusqu'à celui de non-retour - de l'abandon total de leur dignité
Le corps social défoncé aux injonctions et aux injections - c'est peut-être cela la différence entre les pays autoritaires et ceux pratiquant ce type de démocratie - à sec ou avec de la vaseline
Elle est celle de leur libéralisme déguisé en permanence de morale . Si ils focalisent le débat sur le genre , c'est qu'ils ont liquidé toutes les autres
Quatre trajets dans quatre villes différentes rencontrer quatre chauffeurs de taxis . Ils sont le paysage ils sont la langue ils sont la ville ils sont un caractère ils sont une circulation ils sont une nécessité ils sont un pays il sont eux peut-être cela ou rien de cela , cela dépend des jours aussi
Quatre rencontres en autant de romanesque celui des êtres , celui de l'imprévisible . There's danger in your eyes swinguait Thelonious Monk , celui de l'autre . C'est pour l'annihiler , faire disparaître le frictionnel que les Men in black débarquent toujours - standardisation et tristesse à tous les étages
C'est peut-être pour cela que derrière les lisses écrans surgissent des baraques foraines et des feuilletonistes de partout à la Ponson du Terrail , à la Balzac , à la Dumas ... Fantômas est embusqué au coin de la rue mais il sait que dans leurs coeurs il n'y a plus rien à voler
Il est agréable de se laisser conduire par la fine et doucereuse Aimée de Jongh au fil des pages de son livre d'heures dessiné intitulé Taxi ! Récits depuis la banquette arrière . Assis là , éveillé ou pas de New-York , de Marseille ou de Londres lire et lire encore après tout dans leurs grands véhicules parcourant des mégapoles il se dit que les chauffeurs pratiquent le zazen . Respiration . Un ami me dit qu'il y a aussi une émission Fake taxi où le rythme des corps est celui de la modernité . Halètements
Mais ceci est une autre histoire