Ils passent amidonnés
Sur le piédestal de leur trottinette
Des statues roulantes
Les silhouettes bouffantes arpentant les rues des villes et des quartiers
Baskets aux pieds et encore plus quand la capuche de survêtement est relevée
Semblent être des cosmonautes cherchant une planète où se poser
Appuyer sur la touche supprimer un contact dans le répertoire d'un téléphone
Est toujours une sensation étrange
Recadrer , changer la couleur du ciel , gommer une poubelle ou des lignes électriques , faire disparaitre des passants - pour que la photo soit plus parfaite
C'était l'apanage des régimes totalitaires , il est devenu celui de tous . Supprimer un membre d'un politburo tomber en disgrâce c'était moins fun
Regarder des images , rêver le réel , le composer différemment - ce vécu n'existe déjà plus
Plus que des songes
Un bruit
Un bruit pour ceux qui veulent bien l'entendre
Celui des millions d'émetteurs et de récepteurs de basse intensité
Un bruit de fond
Celui du grésillement
En grand fracas
Passer la tête à travers
Le mur du temps
En rire
Aux éclats
Aux éclats
Aux éclats
Une goutte au plafond à travers une fissure
Une seconde , puis une autre
La fissure devient brèche , faille
Écoper ne suffit bientôt plus
Le rez-de-chaussée est submergé
Les étages aussi l'un après l'autre
La construction disparait dans les flots
Elle n'a peut-être jamais existé
A sa place une masse liquide
Qui semble être là depuis toujours
Dans ces eaux passent les Léviathans
Pourquoi s'encombrer de tableaux , de sculptures , de vidéos ?
Il suffit de se promener sur les boulevards
Des bras , des torses , des jambes et tout plein d'autres parties encrées
Une vraie galerie de portraits
Dans les villes circulent des esthétiques portatives