L'autre jour un ami me disait
- L'Humanité on dirait un cortège de paralytiques guidés par des aveugles
- Je te trouve plutôt optimiste
Nous trinquâmes et rîmes
L'autre jour un ami me disait
- L'Humanité on dirait un cortège de paralytiques guidés par des aveugles
- Je te trouve plutôt optimiste
Nous trinquâmes et rîmes
Le nez aux vents en provenance des fenêtres ouvertes
Des trains , des bureaux , des bus , des tramways ...
Respirer les odeurs des rues ou pays traversés
Imprégnation
Les secouer elles restent closes - le devenir capsules - en projections
Après tout le café l'est aussi
Grimper sur l'impériale - respirer
Il dit en riant
Qu'il lui arrive souvent de poser un livre sur sa paume ouverte les doigts écartés en étoile
Il ferme les yeux respire
Les rouvrir
Le livre a disparu
Il nomme cela absorption
Il dit en riant qu'en regardant ces
Nuées de vidéos telles des allumettes en travers les paupières
L'insoutenable des drames
Celui qui regarde ne peut que se sentir dans la peau
Du voyeur bientôt poursuivi pour non-assistance à personne en danger
Ploc , ploc , ploc , ploc sous la pluie des mots parfois aussi
Là sur la grande étendue faire des ricochets . Tenter de battre son précédent record - pour la beauté du geste
1 , 2 , 3 , 4 , 5 , 6 , 7 c'est pas mal . Les avants-garde en projections - de cailloux pour tout éclabousser et d'improbables ricochets
Dada et l'avènement du vaut-tout , le Surréalisme et cette pâte omniprésente gluante et colorée - ce Blob qui se veut rêve , le Lettrisme en hommage aux séparations , le Situationnisme en promoteur du ludisme de m(ass)es
Lancer cailloux - faire ricochets - va c'est pas important - reste le jeu
Je ne résiste pas au plaisir de vous partager le premier chapitre de mon nouveau livre
Ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc
Ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc
Ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc
Ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc
Ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc
Ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc
Ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc
Ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc , ploc
Vous avez deviné c'est une atmosphère pluvieuse - la suite arrive prochainement
Il me semble apercevoir une forme
Telle une apparition
Je m'approche à pas de loup
Dans une enveloppe translucide en suspension
Un un
Je ne sais qu'en penser
Il flotte aux vents prêt à s'envoler
Me vient à l'esprit une hypothèse
Je me souviens qu'au jardin d'Éden
Adam contrairement aux on-dit
Se rendant compte qu'il est nu se saisit d'une feuille de figuier
Et non de vigne - ce qui serait avoir une petite dignité
Je cogite . Peut-être est-ce ... Peut-être est-ce ...
Je me retourne
Le un a disparu
Plaider , plaider pour les bons et les mauvais - c'est un métier . Certains y mettent plus ou moins de colonne vertébrale - par sens du créneau ou par conviction . Sous les projecteurs des assises - théâtre de la cruauté - l'avocat en porte-voix . Heureusement la plupart des gens ne passent pas leur temps à occire leur prochain - même si ils y pensent . Défendre des affreux à la Sarret et les soeurs Shmid , à l'Eugène Weidmann , à la Landru ... Les recouvrir du blanc manteau de la rhétorique , des tâches noires apparaissent - cela ressemble à de l'hermine . Toutes les affaires politiques - défendre Joseph Caillaux , défendre Arlette la femme de Stavisky , Herschel Grynszpan au funeste destin , défendre Lucien Sampaix pour L'Humanité et tous les autres dossiers - des petits , des moyens , des grands . Vincent de Moro Giafferri en parfait sismographe .
Placer des alexandrins , mine de rien . De vive voix avec cette inimitable grandiloquence , cette façon de toute une génération de déclamer . Avec ces splendeurs comme sa célèbre tirade « L’opinion publique est parmi vous ? Chassez-là cette intruse ! C’est elle qui au pied de la croix tendait des clous au bourreau et criait «crucifie-le» ; c’est elle qui , d’un geste de la main renversée , immolait le gladiateur agonisant dans l’arène ; c’est elle qui applaudissait aux autodafés d’Espagne comme au supplice de Calas ; c’est elle enfin qui a déshonoré la Révolution française par les massacres de Septembre lorsque la farandole ignoble accompagnait la reine au pied de l’échafaud , et un siècle plus tard crevait du bout de son ombrelle les yeux des communards blessés ! » . Un art oratoire à son acmé , pour des auditeurs attentifs avant la grande démonétisation
Avec parfois ce côté farcesque de l'éloquence appliquée à tout , lors d'une audience civile défendant des assurés poursuivis pour impayés par une compagnie d'assurances anglaise il fait une envolée " Bourgeois de Calais , rentrez dans vos demeures ! Non , vous ne voudrez pas venir en chemise et la corde au cou vous soumettre aux exigences de cette compagnie d'avides insulaires ! " . Venant d'être nommé sous-secrétaire d'État et devant se rendre aux obsèques d'une grande figure de l'enseignement - il arrive en retard au cimetière - se trompe de cortège et démarre illico son discours " Au nom du gouvernement de la République ... " on lui fait discrètement remarquer , alors il enchaine " Je dois aller , tout à l'heure , honorer la dépouille d'un grand citoyen . Mais toutes les douleurs sont solidaires et je ne peux passer à côté de la vôtre sans la saluer . Recevez toutes mes condoléances " . Moro Giafferri en avocat dans ses débuts maigre et venteux à la Claude Weisbuch - au fil des ans sa silhouette s'arrondit pour ressembler à un culbuto . Le talent de ne pas être désarçonné . Ses bons mots sont légion , je ne résiste pas à vous en partager un autre qu'on trouve dans cette excellente biographie écrite par Dominique Lanzalavi intitulée de cette superbe profession de foi " Défendre l'homme , toujours " - où , oui on se dit que certaines vies se laissent moins résumer que d'autre - l'ampleur . Lors d'un procès où comparaissent mère et fille accusées d'avoir assassiné leur mari et père il débute sa plaidoirie " Je souhaite avant tout défendre la veuve et l'orpheline .... "
Engagé volontaire en 1914 - dans les grands abattoirs , Landru à côté en boucher de quartier - duettiste par deux fois - à l'épée , blessé et au pistolet . Son adversaire l'ayant loupé , chevaleresque il refusa de tirer . Défendant le pire et définissant le périmètre . Vincent de Moro Giafferri tutoyait et côtoyait la camarde - un homme à risques . Avec lui le jeu n'était pas à sommes nulles . Un procès aux assises pouvait se conclure par la sentence suprême . Il n'est pas impossible qu'il fallait des hommes de cette trempe là pour être à hauteur . Cette rhétorique avait une saveur bien particulière - celle des tragédies
Une illumination du gris quotidien
Ce qu'on estime ou ce qui se désigne comme tel - un produit de luxe
Le regarder , le prendre en main si c'est possible
Ou le porter
D'un coup les lèvres prononcent toutes seules cette formule
S'entendre dire
- J'ai le style - le style magique !
Le répéter en mantra
Une bonne dizaine de fois ça parait bien
- On partage le territoire
Et c'est tout
- On partage le territoire
Et c'est tout
- On partage le territoire
Et c'est tout
- On partage le territoire
Et c'est tout
- On partage le territoire
Et c'est tout
- On partage le territoire
Et c'est tout
- On partage le territoire
Et c'est tout
- On partage le territoire
Et c'est tout
- On partage le territoire
Et c'est tout
- On partage le territoire
Et c'est toutC'est une lettrée ce matin elle m'a dit
- Cette nuit on a écrit tout l'alphabet
Parfois ensuite il y a des mots , des phrases , des chapitres et des volumes
- Oui et parfois ce n'est que de A à Z
Nous rîmes