A genoux
Se prosterner devant le capital
A genoux
Pour les autres
Attendant le coup de grâce
Une balle numérique fait-elle le même bruit quand elle traverse le crâne ?
A genoux
Se prosterner devant le capital
A genoux
Pour les autres
Attendant le coup de grâce
Une balle numérique fait-elle le même bruit quand elle traverse le crâne ?
Respirer à plein poumons
La fumée des mousquetades
Ces vénéneuses et leurs lignes mortelles
On y reviendra
Là ou là
La la la
De ces ramifications
Bois mort et irrigation
Inventer cette ligne verte
En méridienne de soi
La la la
Là là là
Il dit en riant
- Il n'y a pas de grandes différences entre les grands médias , la grande distribution , les grands groupes
Et les forces d'occupation
Faire vite
Livrer vite
De la fast food
Manger vite
Entre livreurs quand ils aperçoivent ces types hâves
Descendant au pied de leur immeubles
Ils se disent
- Encore un chicon de livré
Il dit qu'il fait piscine
Faire des longueurs et des longueurs
En elles
A la papillon
Ramasser un caillou puis un autre jour après jour - de ces cairns du quotidien faire oeuvre . Poster à la postérité le résultat . C'est une bien belle couverture de celles qui font saliver . Elle reprend le procédé de ces pages de titres en énumération aguicheuse avec leurs alternances de lettrages rouges et noirs tels des néons - ici dorées . De ces descriptions portant toutes les promesse du monde . Percaline noire , esthétique en hommage au cartonnage , pour patronage la figure tutélaire du Facteur Cheval . C'est d'ailleurs cette vignette collée à la va-vite - celle du Palais Idéal - qui met l'ensemble de guingois . Mais peut-être est-ce un hommage du passionné Bruno Montpied à toutes ces créations de bric et de broc .
Des champignons après la pluie les oeuvres poussent sur des balcons , dans des champs ou accrochées sur les murs des maisons ou après les clôtures avec les passants pour spectateurs . Galerie de plein-air exposées aux intempéries , rares sont celles qui ne disparaissent pas avec leurs auteurs . C'est un art vernaculaire irrigué des flux à y regarder cela ressemble souvent à un mélange de Tinguely et de Baselitsz . Ils ne sont pas adoubés par les institutions , le marché ou le grand public mais ils en sont une partie . Avec la création contemporaine ils partagent une orientation majeure celles de distiller la peur . Il suffit de se retrouver seul un soir à la tombée de la nuit dans les salles et couloirs d'un FRAC pour le comprendre . Les mains moites immédiatement , à claquer des dents en musique sérielle , à tomber sur le sol la sueur froide à grosses gouttes ploc ploc elle font du Pollock . A leurs échelle ces créateurs en hommage refont la maison de Famille Addams . Pour y loger leurs pairs peut-être ?
Dans la jungle urbaine les animaux du Douanier Rousseau écoutent eux aussi le Gazouillis des éléphants . C'est un étrange son , il a le mérite d'être ce que tout artiste recherche - une singularité à exprimer . La plupart dans le monocorde , de certains - rares - jaillissent des polyphonies . Elles seront à ce qu'il se dit l'avenir - mais chut , il se dit tellement de choses . Ramasser un caillou , le lancer d'un geste pur juste au-dessus de l'eau - compter les ricochets . Recommencer
Chapeau bas pour cet érudit essai à la riche iconographie réalisé par Éric Alonzo - chapeau rond bien sur . Il retrace avec brio le devenir de l'invention d'Eugène Hénard , d'une proposition parmi d'autres afin de faciliter la circulation de plus en plus dense - le rond-point - à son invasion ufologique du territoire . Il explique la continuité entre l'aménagement forestier pour la pratique de la chasse à courre avec les spectateurs se plaçant à la convergence des allées à des endroits nommés étoiles et leurs successeurs dédiés uniquement à l'automobile - de forêt à forer l'urbain . Une forme d'aménagement fonctionnel se mariant parfaitement au goût des planifications et des normes et devenant celui de toute une époque . On perçoit que sa préférence est accordée aux réalisations poétiques d'un Stephen Greenberg ou à des structures fréquentées types la place Wilson ou le Grand-Rond à Toulouse - parcs restant des lieux de vie enlacés tendrement par les voies . A lire son autre ouvrage aussi gouleyant L'architecture de la voie - Histoire et théories - on y reviendra
Les architectes et les urbanistes comme ils disent - aiment à représenter leur travail avec des vues du ciel . C'est incroyablement beau et esthétique . C'est surement pour les oiseaux ou ceux qui passent en deltaplane . C'est vraisemblablement cela une partie du hiatus entre les projets et le ressenti à hauteur d'homme . Le point au milieu et les routes en exclamations du paysage !!!
Le rond-point pour les masses et les flux . Cette fluidité que rien ne doit entraver et ces regards qu'ils ne faut plus croiser - une organisation de la disparition et des écoulements . Le carrefour était une autre définition avec arrêts et croisements . Paradoxe amusant par fortes affluences - quand il faut s'insérer dans la circulation - le jeu devient une gigantesque roulette russe . Les Gilets Jaunes sur ces tertres firent leur agora du vide
Cette modernité et ses propositions - tourner en rond dans le cercle de leurs enfers . In girum imus nocte et consumimur igni qu'il disait . Le rond-point est peut-être simplement l'idéologie du capital matérialisé . Il est aussi possible de les passer en drift pour redonner à ces carrousels du ludique
A moins qu'il ne faille y voir un hommage au sens des rotations - seuls les derviches tourneurs savent . La chasse à courre est devenue celle de tous contre tous . Ceux bien peinards qui rigolent en regardant passer les boîtes métalliques en boulottant un brin d'herbe - c'est bien les lapins . A l'abri sous les sculptures de ces musées des horreurs que sont devenus les ronds-points , ils poussent leur cri de ralliement - Vive la cuniculture !