Chapeau bas pour cet érudit essai à la riche iconographie réalisé par Éric Alonzo - chapeau rond bien sur . Il retrace avec brio le devenir de l'invention d'Eugène Hénard , d'une proposition parmi d'autres afin de faciliter la circulation de plus en plus dense - le rond-point - à son invasion ufologique du territoire . Il explique la continuité entre l'aménagement forestier pour la pratique de la chasse à courre avec les spectateurs se plaçant à la convergence des allées à des endroits nommés étoiles et leurs successeurs dédiés uniquement à l'automobile - de forêt à forer l'urbain . Une forme d'aménagement fonctionnel se mariant parfaitement au goût des planifications et des normes et devenant celui de toute une époque . On perçoit que sa préférence est accordée aux réalisations poétiques d'un Stephen Greenberg ou à des structures fréquentées types la place Wilson ou le Grand-Rond à Toulouse - parcs restant des lieux de vie enlacés tendrement par les voies . A lire son autre ouvrage aussi gouleyant L'architecture de la voie - Histoire et théories - on y reviendra
Les architectes et les urbanistes comme ils disent - aiment à représenter leur travail avec des vues du ciel . C'est incroyablement beau et esthétique . C'est surement pour les oiseaux ou ceux qui passent en deltaplane . C'est vraisemblablement cela une partie du hiatus entre les projets et le ressenti à hauteur d'homme . Le point au milieu et les routes en exclamations du paysage !!!
Le rond-point pour les masses et les flux . Cette fluidité que rien ne doit entraver et ces regards qu'ils ne faut plus croiser - une organisation de la disparition et des écoulements . Le carrefour était une autre définition avec arrêts et croisements . Paradoxe amusant par fortes affluences - quand il faut s'insérer dans la circulation - le jeu devient une gigantesque roulette russe . Les Gilets Jaunes sur ces tertres firent leur agora du vide
Cette modernité et ses propositions - tourner en rond dans le cercle de leurs enfers . In girum imus nocte et consumimur igni qu'il disait . Le rond-point est peut-être simplement l'idéologie du capital matérialisé . Il est aussi possible de les passer en drift pour redonner à ces carrousels du ludique
A moins qu'il ne faille y voir un hommage au sens des rotations - seuls les derviches tourneurs savent . La chasse à courre est devenue celle de tous contre tous . Ceux bien peinards qui rigolent en regardant passer les boîtes métalliques en boulottant un brin d'herbe - c'est bien les lapins . A l'abri sous les sculptures de ces musées des horreurs que sont devenus les ronds-points , ils poussent leur cri de ralliement - Vive la cuniculture !
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