dimanche 29 décembre 2024

An other day


 

 

 Couverture jaune carrosserie , les voitures en autant de  rayons de soleil traversant New York , les paysages eux  en noir et blanc . Arpenter le bitume au volant d'un taxi , explorer les rues pour y trouver de la thune . Dans l'auto-radio dégouline  Sixto Rodriguez  il chante  Sugar Man - il se noya en lui-même . Pour y échapper se raccrocher à ce réel - le mitrailler pour le rendre tangible - pour le mettre à distance - créer des prises  . C'est de la photographie documentaire celle de Joseph Rodriguez que l'on trouve dans ce livre intitulé - Journey through my windows 1977-1987  . A hauteur d'homme - de portière - dans la Grosse Pomme vérolée - elle ses galeries , ses trous de vers et ses habitants  . Des instantanés pour saisir des formes et remplacer les fixs par des fixes  . Une autre chanson emplie l'habitacle et fait danser les baffles - plus récente en écho  - Frankie hi-nrg mc entonne Quelli che benpensano . C'est eux , ils sont toujours là , juste modernisés . La musique à fond pour faire tout chavirer dans le tumulte des villes et leurs millions de collisions sans-contact . De ces intentionnalités qui se matérialisent durablement ou pas . Il faut rentrer au garage , laisser l'apaisement revenir , les incertitudes aussi , une caresse dans les oreilles , c'est Marion Black et son Who knows qui accompagne et qui régale . Demain , demain oui on recommencera à nouveau 



jeudi 26 décembre 2024

Dans le cercle


 

 

 Ce peut-être un cercle 

Le fameux et ses projections 

Ce peut-être un astre 

Si lointain de sa beauté 

Ce peut-être un oeil 

Lui et sa paupière 

Ce peut-être un centre 

Les marges tracées autour 

Ce peut-être une cible 

Posé momentanément sur les têtes de Suzanne et Jean Leppien 

Ils s'en échappèrent  et volèrent  l'auréole 

Ce peut-être la cible qu'ils viennent de vous placer dans le dos 

Ce peut-être la cible qu'il faut savoir viser

Tirer dans le mille et ne pas rater





dimanche 22 décembre 2024

Import / export


 

  Tout un bestiaire réel , des aigles , des lions , des corbeaux , des abeilles , des coqs ou imaginaire des griffons , des dragons , des hippogriffes et d'autres étranges créatures difficiles à identifier . Fièrement portés sur le maillot , les combattants eux n'ont pas cette distance ils sont encrés à même la peau . Frapper au but ou frapper l'autre - des jeux de mouvements - cela nécessite de la vivacité et de la bravoure . Arborer les animaux sur la poitrine en tentative d'hybridation . Dans ce livre - 1000 maillots de foot réalisé par Bernard Lions - au nom si bien prédestiné pour un tel ouvrage - on trouve toute une galerie de maillots ainsi qu'un appareil critique assez léger - vraisemblablement pour faire ressentir le passage des lourdes tuniques en coton à celles vibrionnantes en fibres synthétiques . Les crampons pour les joueurs , les blasons pour les clubs - une volonté de s'enraciner dans le jeu et dans une durée . C'est un des rare endroit où ils sont encore présents -  le football en branche  de l'héraldique 

Gooooaaaalllll s'époumone le commentateur à la sud-américaine  . Le joueur galope en direction de la droite ou de la gauche du but - pas loin du poteau de corner -  là où il pense que des supporteurs de son camp peuvent se trouver - parfois il n'y en a pas , il ne trouve qu'une foule hostile . La  glissade sur les genoux en accompagnement de sa course  , s'agenouiller devant le public qui le couronne roi du jour  . De plus en plus souvent à la Usain Bolt les joueurs effectuent une célébration - un geste signature - avant que tous les équipiers ne viennent l'entourer et le congratuler en lui distribuant force tapes sur la tête . Le joueur s'extraie , tous rejoignent leur camp pour reprendre le cours du jeu et là soudainement  il empoigne son maillot ,  le tirant de l'avant à l'emplacement du  blason du club et il le désigne de l'index de son autre main  ou alors il le frappe de la paume   - tel un talisman - rugissements de contentements  du stade . Il vient de se montrer digne de porter les couleurs . A gauche le blason , à droite le logo d'un équipementier sportif  - les mêmes partout dans le monde - en travers de la poitrine les lettrages d'un sponsor publicitaire , dans le bas du dos souvent aussi , en dessous du numéro - c'est lui qui est le plus visible , c'est lui qui paie . Même les stades changent de nom , ils n'honorent plus un nom mais se prosternent devant une marque - changement de position celle du nom escamoté  . Cela ressemble au cyclisme où les équipes sont gratifiées de noms de boîtes de petits pois , de montres , d'assurances ou de banques . L'avènement des clubs de football et de l'automobile est simultané  - un blason de club et une plaque de calandre d'un club automobile sont frères siamois . Mais les uns ont disparus des calandres - psschiit évaporés - quand les autres restent en décoration . La motorisation indispensable pour que des équipes de plus en plus éloignées puissent s'affronter . Pour que les joueurs puissent circuler d'un club à l'autre . Au plus haut niveau ils circulent tellement qu'il est rare que figure dans la composition d'une équipe un joueur natif de la ville ou même du pays enfin ne parlons pas du  miracle d'un  né dans la ville et formé au club . Les maillots aussi sont fabriqués par de petites mains à l'autre bout du monde . Ils sont des milliers rassemblés en un étrange cérémonial sous leurs regards et leurs acclamations  un ballon en rotation poussé par des joueurs passe d'un camp à l'autre .  Tout bouge hommes et marchandises , dans les tribunes ces porteurs de maillots aux couleurs de leur club sont les seuls à rester immobiles - ils sont les supports terre .  Sur le rectangle vert les rock stars de passage interprètent la partition du jour à rebondissements , ils  font carburer les émotions et briller les yeux de mille étoiles - au foot aussi il y a les Galactiques



 


samedi 14 décembre 2024

2163

 Cette phrase là 

Oui celle là 

Qui est devant vos yeux 

Honorable lecteur 

Si elle est arrivée ici 

C'est de la balistique d'écrivain 

Qui a fonctionné

2162

 Il dit en riant 

- Même à 100000 ans un écrivain est encore juvénile

dimanche 8 décembre 2024

Let's push things forward

 


 

 

  Des hommes et des chevaux passent , des vélos puis des voitures -  traversent le village . Des maisons serrées entre elles et le long de la route ,  elle prend souvent  le nom de Grande rue ou du nom de la ville au loin  . Dans les grandes villes   une rue pousse , puis une autre , un quartier puis un autre - des arborescences en   dendrites .  On se retrouve dans le méandre de la rivière proche du grand chêne , sur la place du marché ou au forum , dans la rue du haut proche du libraire à la Toison d'Or ou chez toi - une indication pour se trouver . Chaque régime politique - monarchie , république - ou époque - impose sa marque . Une Victor Hugo , une Général De Gaulle , une Jules Ferry , une Voltaire ... les classiques .  Mais un boulevard , une rue , une avenue Carnot sont-ils  ceux de Sadi ou de Lazare ? Pour s'y retrouver il nous faut un sherpa , il n'y en a pas de meilleur  que Jean-Claude Bouvier accompagné de son érudition lucide et facétieuse . Dans son livre - Les noms de rues disent la ville - il explore les différentes superpositions . Celles poétiques depuis les Celtes désignant les lieux , puis celles propres aux villes où les générations d'hommes se succèdent . Il distille les fines remarques par exemple qu'il existe beaucoup plus de rues de la liberté que celles de la fraternité ou de l'égalité ou que les noms républicains sont moins présents en Corse , que la bonne ville de Lyon honore ses médecins ... Dans chaque ville il y a une forte coloration nationale puis des nuances locales plus ou moins présentes . Un nom succède à un autre la toponymie est une branche de la Couchologie

A partir du XVII ième s'opère un basculement " on entre dans une nouvelle ère , celles des toponymes " de décision " créés par les autorités en place , qui supplantent les noms créés peu à peu par l'usage populaire " - page 80 . Les pouvoirs nationaux ou municipaux  scarifient l'espace . C'est comme au casino certain rafle la mise,  imprimant les mémoires urbaines - d'autres repartent les poches vides . Un Félix Gaillard à la destinée fauchée et désormais oubliée n'est pas sur les plaques de rues . D'autres gloires nationales sont partout , au hasard Anatole France oui France du nom de ce pays que nous arpentons . Pas de grande ville sans une artère à son nom mais plus personne pour le lire , pour se souvenir de son parcours , sa tombe désertée des hommages et des fleurs séchées  menacée de  ruine se fondait  dans son  sol  natal . Un habitant du coin s'en indigna , mena croisade , elle fût sauvée in extremis . Beaucoup de noms ne sont plus que des sons , des hululements  fantomatiques  devenus coordonnées GPS . De plus en plus souvent les noms génériques viennent à la rescousse poussent des quartiers de musiciens , d'arbres , de fleurs , d'oiseaux , de peintres impressionnistes ou de chanteurs français - Brel , Piaf , Brassens .  L'usage assez récent préconise que les noms accolés aux lieux de circulation soient ceux de disparus . Il y a fort peu de chance que les trois derniers présidents français aient un jour une rue à leur nom - les paris sont pris . Il est aussi possible d'honorer de leur vivant , pourquoi pas une esplanade Thomas Pesquet , une allée arborée Brigitte Lahaie , une de toutes les couleurs Julio Le Parc ,  et celui d'entre tous qui mérite  un grand boulevard , une large avenue ou une sente ombreuse  Jean-Claude Bouvier bien sur !