
Partir du constat qu'une rivière naturelle et la course d'obstacles de l'eau dont le castor est un des auteurs fonctionne mieux qu'une rivière transformée en canal . L'eau dans le rythme de la lenteur hydrate tout et accueille la vie . C'est le contraire d'une rivière qui ne fait que couler et dont les rives sont incisées - l'eau emportant avec elle les sédiments et n'irriguant pas - une rivière , l'idéal c'est quand elle est à fleur de terre prête à déborder , prête à lécher les champs et les prés . Les flux à toute berzingue cela ressemble aux cultures où la vitesse empêche désormais toute formation de syncrétisme . C'est ce que disait déjà Jean Giono dans L'homme qui plantait les arbres - la main pour faire revivre un pays . C'est ce que raconte à sa façon Baptiste Morizot dans son livre intitulé - Rendre l'eau à la terre - Alliance dans les rivières face au chaos climatique - illustré par Suzanne Husky . Il reprend les travaux de Kevin Swift à la sauce française - en conceptualisant . Le texte est divisé en 880 morceaux , autant de chapitres qu'il a taillé pour les enfoncer dans le lit des rivières et transformer notre regard sur elles . 880 bouts-rimés avec la nature - une poétique à l'oeuvre . C'est un troubadour qui pour rendre hommage et oublier son effarement devant les dévastations entonne son chant du monde . Après la théorie place à la pratique , dans les ripisylves de sa Drôme , il suffit de l'apercevoir bottes aux pieds pour voir un homme heureux - en accord aux lieux . Une forêt alluviale c'est le même mariage qu'une mangrove - la terre et l'eau qui s'embrassent - c'est chaud patate . Dans un reportage diffusé sur Arte ( en 2021 ) à propos de l'Inn cette rivière alpine , il est montré que partout où elle est renaturalisée , en peu de temps le vivant revient - loutres castors , chevalier guignette , bihoreau gris et butor étoilé - ce qui est rassurant , il faut juste de la volonté . A la René Dumont levons notre verre d'eau pour trinquer avec Baptiste Meaurizeaut qui vient d'écrire avec son livre , un nouveau chant de canari . Brinde !
Il y a quelques jours dans cette Limagne livrée aux céréales et aux exploitants agricoles , je passais rendre visite à l'un d'eux . Sa cour était jonchée d'étourneaux morts , je m'en étonnais . Ah ah ah qu'il m'a dit , qu'est ce qu'on a bien rigolé hier soir , on a fait un bon ball-trap . Ces oiseaux ça fait un bruit pas possible , ils servent à rien et ils chient partout . Il m'a semblé à ce moment là que tout s'obscurcissait , le ciel , la végétation , même les paillettes d'or de leurs habits de lumière qu'ils sèment en volant coulaient dans le sol pour ne laisser que leurs plumages noirs couleur linceul . Des loups , des ours , des rats taupiers , des pies , des goupils , des geais , des castors et des ragondins , des martres et des belettes , des pigeons en ville , des sangliers dans les maïs et tous les autres - tous coupables , tous nuisibles . Juste bon à exterminer , ils sont nos rivaux car ils occupent les mêmes habitats ou zones de loisirs que nous . Faut-il surfer ou se faire embêter par des requins ? Pour les castors ce fût le même sort , ils causent des inondations et font un bordel pas possible avec leurs dents rectangles orangés types DDE . En un sens entre eux ou nous c'est la logique du Grand Remplacement qui s'applique . Pour terminer sur une note plus heureuse me reviens en mémoire ce que raconte le picaresque Roland Feuillas dans son livre - A la recherche du pain vivant - il dit que chaque fois qu'il est au sommet d'une colline , d'un tertre , d'une montagne il pisse aux quatre points cardinaux . Il n'est pas certain que la méthode soit validée par les ingénieurs hydrologues - mais on sait jamais .