Il dit en riant
- Ils ont la nostalgie
De ce rêve enfouie en eux et de ses résurgences
Écouter à nouveaux les oracles de la Pythie
Ils arrivent
Il dit en riant
- Ils ont la nostalgie
De ce rêve enfouie en eux et de ses résurgences
Écouter à nouveaux les oracles de la Pythie
Ils arrivent
Les jolies plantes essaiment sur les trottoirs , dans les parcs , aux terrasses - partout
C'est l'été
Jambes et épaules nues offertes aux rayons ensoleillées
Aux regards
Elles rêvent de celui qui leur fera corolle inversée
La famille , les amis , les animaux de compagnie , les relations professionnelles , les voisins
Du parcellaire
Personne ne peut connaitre un parcours , des gestes , des pensées au jour le jour , y compris soi et sa capacité d'oubli
Mais il est là jamais bien loin , dans la poche ou sur la table , dans le lit ou en en voiture
Il est le témoin
C'est une fan absolue de mode
Ce qu'elle préfère
C'est quand je pose mes griffes sur ses rotondités
Des corps broyés innombrables jonchant les champs de bataille . Sur cet humus souvent pousse la revanche . Il y a des peuples qui bifurquent , qui savent tirer les leçons des catastrophes . C'est l'intelligence de la Suisse , ce pays où coexistent plusieurs langues . C'est si rare d'échapper au centralisme ou que l'autre devienne le déversoir . Cela n'empêche pas de construire des abris anti-atomique , on sait jamais . C'est cela aussi une œuvre , un abri , un réceptacle - une tentative de témoignage - une plate-forme pour ceux qui viennent s'y poser . Dada ne pouvait naître qu'ici en regardant la folie des hommes et en élaborant une réponse à leur hauteur . Les artistes suisses essaiment ils partent chez leurs grands voisins , pour revenir parfois . Ces allers-retours pour mieux dire aux autres un grand bonjour à la suisse - Coucou !
Forger son langage ce qui se nomme style y ajouter de l'esthétique cela donne les livres d'artistes . Dans ce fort volume édité par Les Cahiers dessinés intitulé justement Le Livre libre est exposé le meilleur de cet alliage produit en suisse romande . Les textes sont assez succincts mais les découvertes nombreuses - mon tout est rangé par ordre chronologique . Chacun porte un univers , celui de Charles-Auguste Humbert et son Gargantua tout enluminé est d'une luxuriance rabelaisienne . Gérard de Palézieux et ses paysages intérieurs et extérieurs telles des îles - il est le plus japonais des suisses et il y en a tant . Ils partagent de nombreuses similitudes . Robert Hainard et la justesse incarnée dans ses bois gravés représentant les animaux qui en sont issus - Paul Jouve pas bien loin dans le décor . Animaux cachés derrière les Feuilles d'automne de Philippe Robert - en explosion de couleurs . Feuilles qui en s'écartant dévoilent les visions de Pietro Sarto . Léo Maillet et son graphisme d'angoisses , traqué puis réfugié en Suisse pour désigner tout cela il disait - " On ne peut rien penser d'une telle histoire . L'Europe est trop bête " .Sans oublier les éditeurs passionnées que furent Henri-Louis Mermod , Fernand-André Parisod talentueux typographe , François-Louis Schmied et sa méticulosité , l'inévitable Albert Skira . Beaucoup de pépites désormais disponibles qu'à prix d'or sur des sites spécialisés . Elles mériteraient d'être rééditées pour trouver de nouveaux amateurs , pour que leurs beautés fassent pétiller à nouveau les regards
Les sensations , l'expérience du monde , transmutées dans un langage propre - reconnaissable . Cette tentative " artiste " d'être au plus proche de la retranscription . Il y a les défricheurs , les affineurs et les suiveurs - une nouvelle façon d'exprimer s'invente , fait école , certains s'en emparent avec talents puis des milliers l'ânonnent . Nombreux trouvent style puis ils s'y lovent - ils deviennent leur répétition . Encouragés par la difficulté à percer - il y a tellement de prétendants - qu'une fois arrivé ... Par les galeristes ou éditeurs qui ne souhaitent pas que leurs poulains désarçonnent le public laborieusement conquit ou tout simplement que c'est la seule corde à leur arc . Ils sont dans le monolinguisme . Ce qui fait le charme et la force du livre d'artiste - même si il y a dans le lot beaucoup d'inaboutissements - c'est la prouesse du bilinguisme - illustration et écrit - alors que la majorité n'en baragouine qu'une . Les polyglottes si rares . Pays de frontières - de lisières - la Suisse peut s'enorgueillir d'en accueillir - ils volent des morceaux d'étoiles pour les glisser dans les pages de leurs livres - ils forment diadèmes .
Il dit en riant
- Les partis politiques ressemblent aux coopératives , aux associations , aux mutuelles
Il y a leurs constitutions puis assez rapidement elles suivent leurs logiques propres
Un " rectangle pensant " selon cette belle trouvaille de Raymond Gid pour nommer ce réceptacle - le livre , qui a supplanté les rouleaux et les papyrus - grâce à son côté pratique . D'abord peu nombreux puis des millions avec l'arrivée des vingt-six soldats de plomb de Gutenberg . C'est cette histoire que raconte Michel Melot celle qu'il incarne aussi - écouter une conférence récente de lui plus de quinze ans après cette publication , y retrouver exactement les mêmes formulations mot pour mot . Des livres de toutes sortes , de cuisine , des biographies , des essais , des polars , du grand public ou pour happy few , de la littérature pure ou délayée , des journaux intimes , des manuels de bricolage , des monographies , des autobiographies , des dictionnaires , des recueils de poésie ... Le monde imprimé en auberge espagnole . Ils attendent celui qui saura les trouver posés là dans des bibliothèques , des sites internet , chez des amis , des librairies ou dans des étals de brocantes . Ils sont capsules postées dans les fleuves du temps . Trouver un nom puis un autre tels des dominos - l'un entrainant l'autre . Avant tout la rencontre , l'inattendu au tournant des pages - la déflagration . Pas de fléchage , il faut avancer au milieu des ramifications par millions - tracer un chemin de pensée - tel un explorateur cartographiant méandres , affluents , estuaires et trouvant parfois des sources
Dans le silence , dans le silence , dans le silence en n'importe quelle position lire pendant des heures , une définition du luxe absolu , les pages ouvertes en parenthèses , en ailes d'oiseaux , en suspension dans le temps dérobé . Front contre front ça passe mieux - le partage - le meilleur il faut espérer . Une oeuvre c'est peut-être cela un condensé d'une individualité - ouvrir un prisme . Découvrir et relire aussi , pour retrouver des impressions - différentes ou pas - des traces de mémoires - des auteurs et de soi . Telles des briques - savoir que celles qui nous constituent sont autres et que parfois de cet agencement née une singularité . Des tuyaux déversant sans arrêt des images , de la fiction réelle ou non c'est cela majoritairement la nourriture - un imaginaire en hélium pour emplir et se sentir léger si léger . La littérature à l'estomac qu'il disait et les yeux plus grand que le ventre . Bon appétit ! Les écrans en appendices - il n'est pas impossible que les modernes en une ou deux générations ressemblent aux Haredim . Avec sur le nez des hublots de sous-marin en guise de lunettes . Une bibliothèque , approcher l'oreille - des voix - ouvrir un livre - là encore palpitantes - continuons la conversation
Il dit en riant
- Un repas où il n'y a pas un verre de vin , c'est un repas pour les enfants
Il y a de plus en plus d'enfants
A pas lents
Arpenter les venelles ombreuses
Striées noir et blanc
La lune pour seul témoin
Lumière sous les persiennes
Des voitures passent aux phares explorateurs
Les arbres en coraux , les halliers en bruissements
La rivière et sa sonorité particulière
Rentrer de ballade
Ce fût une bien belle conversation