En déambulant ils hochent la tête de droite à gauche et de haut en bas - puis dans les autres sens . Ils font et refont mentalement les comptes . Après les frais fixes - habitation , assurances , voitures , électricité , eau , téléphones puis ceux pour les enfants . Les autres aussi , les petits plaisirs et l'alimentation , sans oublier les ponctions de l'État sur ce qui reste . Il ne reste pas grand chose justement . C'est pas terrible , c'est vraiment moyen de chez moyen . C'est pour cela que les économistes les nomment - la classe moyenne
vendredi 28 mars 2025
Avec les moyens du bord
Nom d'un chien
Au gré des modes des couples se forment , le rottweiller et son vigile , le lévrier afghan et sa bourgeoise cheveux au vent , le labrador et monsieur tout-le-monde , le mini chien et son maxi sac à main , le pitbull et son gars de quartier , le bichon maltais et sa mamie , le berger allemand et Jean-Pierre Hutin . Le berger allemand dressé au mordant en parfait défenseur des maisons de campagne . Il était le chien de garde d'une époque . Ces grandes vagues d'engouement pour une race sont souvent catastrophe . Les éleveurs se mettent à en sortir à tire-larigot et tous ne sont pas viables - maladies diverses en perspective . Pour les bergers allemands c'était en mode tremplin à ski - le train arrière surbaissé et la dysplasie pas bien loin . C'est ce qui est arrivé à Mabrouk mort à six ans d'une maladie du sang . C'est ce que retrace Jean-Pierre Hutin le fondateur de l'émission 30 millions d'amis dans ce livre sensible . Un compagnon de tous les jours qui disparait c'est un bloc de banquise des années passées ensemble qui craquelle puis se disloque - tombant dans l'océan - nous laissant seul et gardien imparfait de sa mémoire
Mettre à disposition tous les stupéfiants - des doux type cannabis , chocolat ou café ou des durs : héroïne , méthamphétamine , cocaïne . Rajouter dans ce buffet à volonté le sucre . C'était le protocole d'une expérience avec des rats pour cobayes menée par des scientifiques pour déterminer des degrés d'addiction . Ce fût orgiaques de vrais rockers en tournée à s'en dynamiter les synapses . Après avoir tout essayé ils constatèrent la lassitude gagnant les ratons sauf oui sauf pour le sucre . De la vraie bonne came raffinée ou pas à s'en gaver à s'en faire péter la panse . On aurait dit à la fin une troupe de sosies d'Elvis Presley carburant au beurre de cacahuètes . Il était temps d'y mettre fin . Ce fût ce cocktail tant attendu qui débarqua sur la télévision avec TF1 - un mélange d'émission de variétés , de sports , de faits-divers , d'un peu de tout , d'un peu de rien aussi vite vu qu'oublié . Un cocktail coloré et sucré - c'était irrésistible . Du sirupeux totalement dépolitisé , prônant l'ordre . Lequel ? Celui existant , celui du moment , celui profitable pour les affaires . 30 millions d'amis était l'un des ingrédients de ce cocktail . Qui n'aime pas les animaux ? Pas grand monde . Il parait que les vidéos de chats ont toujours autant de succès - l'insignifiant enfin visible . C'est du visuel sucré plus addictif que la plus dure des drogues . De l'imaginaire et de l'occupation clés en main pour des assis c'était avant les systèmes portatifs - le changement c'est que désormais chacun peut composer la recette de son propre fix . Bonne lecture
samedi 22 mars 2025
O Fortuna
Chaque balle tirée possède ses stries caractéristiques . Elles permettent d'identifier le type d'arme et le canon dont elle provient . Pour le dire autrement , dans une coulée , une oreille attentive sait reconnaitre l'animal qui passe - sa corpulence , sa démarche , sa race , son caractère , l'épaisseur de son poil . Un biographe est celui qui tente d'interpréter les traces d'une trajectoire . C'est ce que fait Dominique Jarrassé dans son livre Osiris - Mécène juif - Nationaliste français . Il dresse avec brio le panorama d'une époque et d'une bourgeoisie juive , les Pereire , les Camondo , les Rothschild et tant d'autres - tous des fils adoptifs qui à coups de prodigalités aristocratiques devinrent des fils définitifs de ce pays . Daniel Iffla ( 1825-1907) fût l'un d'eux puis il décida de devenir Osiris . Pourquoi ? Nul ne le sait . C'est le mystère des hommes - il nous en reste quelques éclats - parfois leurs décisions leurs échappent aussi . Daniel était le prénom de son grand-père - traditionnel hommage aux générations précédentes . Osiris est celui qu'il s'est choisi en affirmation . Iffla signifierait " il réussira " c'est de bonne augure pour la prospérité , on peut aussi l'entendre par il réussira à devenir Osiris - ce dieu des morts - et lui désormais prêt à rejouer tragédies et munificence mêlées . Passer de Bordeaux à Paris , faire fortune à coup d'agiotages . Épouser Léonie , elle est catholique , tout est beau mais le destin est en embuscade . Elle décède emportant avec elle les deux enfants qu'elle portait . Plus que les ailes noires de la tristesse et du désespoir pour survoler sa désolation pour envelopper le monde et soi dans ses plumes . Rester fidèle à l'être aimé . Porter ce désir d'un tombeau commun à une époque où les juifs et les catholiques ne pouvaient être enterrés ensemble . Tenter de sculpter le réel avec son argent - en faire un instrument de mémoire . Rendre visite fréquemment à son notaire - transformer son testament en autobiographie . La vie s'est arrêtée un moment , vouloir la transmuter - la figer - dans ce qui lui parait le plus durable - la pierre . Relever des tombeaux de gloires oubliées , poser des plaques de marbre en hommage aux siens et en fidélité au culte séphardi dans laquelle il s'inscrit et ériger des statues autant que possible . Des monumentales telles la Jeanne d'Arc de Nancy en reconnaissance à la terre d'accueil , une de Musset ombragée par un saule en mémoire du romantisme qu'il aima , une autre de Guillaume Tell à Lausanne sous le patronage de la liberté et de Juliette Adam et beaucoup de bustes et des plus petites statues présentes dans la galerie d'art de son hôtel particulier . L'une particulièrement , vivre avec elle tous les jours , le Moïse de Michel-Ange avant de le retrouver pour l'éternité en vigie sur sa tombe - des statues en autant de cénotaphes
Dormir dans sa chambre sous les auspices de Marie-Antoinette et de Charles Ier d'Angleterre - deux souverains décapités - dans un coin de la pièce un buste en terre cuite de Louis XVII au funeste destin - une atmosphère . Racheter Malmaison et ses amours défunts - ce ne pouvait être une propriété avec un autre nom - en faire donation à l'État . Acheter le château de la Tour Blanche dans son bordelais natal puis le donner à l'État pour qu'il devienne lycée viticole - une transmission . La tour n'a jamais existé - c'était le nom d'un ancien propriétaire Monsieur De Latour Blanche - il n'y avait qu'un pigeonnier - il l'avait trouvé d'instinct cet endroit lui le veuf à la tour abolie . Ouvrir la caisse de bois clouée , elle ressemble à un cercueil . Regarder le vin couleur or carat - déboucher la bouteille - plop - s'en verser un verre . Humer longuement , des arômes de fruits confits en macération - le porter à ses lèvres . De la matière en bouche - cette matière qui fait que les Sauternes sont taillés pour défier les années - du sucre aussi , beaucoup pour adoucir l'amertume et anesthésier les douleurs . Coulent sur la paroi intérieure du verre de longues jambes d'alcool , elles sont là en bouche lianes rhizomiques enserrant le palais . Ce palais dont il devient un instant prolongé le compagnon . Penser aux autres palais désertés juste bons à s'emplir de collections . Porter à nouveau aux lèvres le liquide mordoré - oui - boire du Sauternes s'est embrasser à pleine bouche la mort - et le sucre est son baiser . Un arrière-goût toujours présent il est celui du botrytis cinerea , un goût champignonesque - celui de la putréfaction .Ce drapé interminable et dansant dans entre les dents , nappe les papilles gustatives il est identique à ceux recouvrant les catafalques . Des synagogues , des pavillons à droite et à gauche , quelques plaques de remerciements pour les dons , un prix triennal de l'Institut Pasteur dont il fût le plus important mécène - souvent un nom de rue , de musée , de bâtiment , de prix ... n'est plus qu'un nom . Les coulées s'estompent , se referment , s'enfoncent dans l'obscurité des forêts du temps , parfois un promeneur ou un lecteur passe et pousse délicatement les branches pour retrouver traces . Bonne lecture
vendredi 21 mars 2025
2174
Il dit en riant
- Il semble que le bilan carbone des récents conflits
Israël/Palestine et Russie/Ukraine ne soit pas très bon
jeudi 13 mars 2025
Rectangles
Dans la poche ou à la main des rectangles
Fermer les yeux , poser délicatement une oreille sur le premier qui est un livre - rien . Si ce n'est le son de sa respiration
Poser une oreille sur l'autre - c'est un écran . Un bruit venteux terrible , il semble que toutes les souffleries du monde y soient enfermées
2173
Elle lui a dit l'autre jour
- Plus mon ventre pousse , plus mon sexe disparait
Intrigué il a regardé , il ne l'a pas trouvé
mercredi 12 mars 2025
mardi 11 mars 2025
2171
Des boîtes rectangulaires en colonies ou seules parsèment les campagnes et les villes - elles sont là en médium de leur environnement . D'étranges animaux jaunes et noirs entrent et sortent en une sorte de danse . Ils partent en quête de thym ou de sapin , de pissenlit ou de châtaignier , d'arbousier ou de fraisier , de tournesol ou de bruyère cela dépend où sont posées les ruches . Certaines ne bougent quasiment jamais d'autres sont nomades à suivre les floraisons . Elles butinent les fleurs et les plaies - du monde et les leurs - miel couleur sang . Parfois trop et c'est égal aux coupelles d'eau sucrée posées à l'intérieur . Il faut le juste dosage pour la saveur d'un terroir - celle d'une écriture . Elle est là l'ambroisie de l'âme dans ces voix qui s'incarnent en mots . Il se dit que la plus goûteuse est la milleflori . Il se dit tellement de choses
lundi 10 mars 2025
samedi 8 mars 2025
Ex æquo
Les 230 kilomètres de l'étape dans les jambes . Elles sont crampées , ils ne sont plus que 2 à s'arracher sur les pentes ardues - c'est le sprint final debout sur les pédales au coude à coude . Ils semblent finir ensemble - sur la photo finish l'un des boyaux est 1 millimètre devant l'autre .
Ils s'assènent des coups à faire vibrer le bourdon du clocher pendant toute une journée . Visages et corps marqués pas 1 n'a reculé , pas 1 n'est allé au tapis . C'est le gong final les 2 combattants s'enlacent en respect mutuel . Dans un moment l'un va lever les 2 bras et l'autre les garder baisser
Les 22 acteurs sur le tapis rectangle vert - aujourd'hui c'est la finale . Après 90 minutes intenses et des prolongations . C'est la roulette russe des pénaltys et les montagnes émotionnelles du même nom . Les uns vont pleurer et les autres exulter
Il serait possible ainsi de multiplier à l'infini les exemples des tentatives de classement . Ce n'est pas qu'il soit problématique que l'un soit plus fort que l'autre - c'est qu'il faille à tout prix trouver les moyens de le faire . Pour les départager les moyens techniques permettent désormais de mesurer la différence au millimètre ou à la milliseconde ou les règles du jeu sont modifiées dans cette finalité . Il faut des vainqueurs et des perdants - c'est la négation de la valeur équivalente . C'est la négation de la beauté du geste alors que ce qui devrait être promulguer - montrer en exemple - la vraie noblesse dans le sport - c'est ex æquo . Ils ne mesurent que de la petitesse et pour eux le partage est hantise . Alors qu'après tout quoi de plus beau que d'avoir plusieurs vainqueurs à célébrer ?