La langue en feu
Ce soir là des mots embrasés sur nos lèvres
Nous étions dans le cercle
Nous étions dans le cercle
Orteils contre orteils
Doigts contre doigts
Langue contre langue
Pour échanger nos mots
Au plus proche
Dans le cercle
La langue en feu
Ce soir là des mots embrasés sur nos lèvres
Nous étions dans le cercle
Nous étions dans le cercle
Orteils contre orteils
Doigts contre doigts
Langue contre langue
Pour échanger nos mots
Au plus proche
Dans le cercle
Des petits , des moyens , des gros , des rectangles et des toupies , des camions de toutes les tailles et de toutes formes souvent conduits par des chauffeurs des pays de l'Est . Après avoir décimé les transporteurs indépendants les grands groupes sont partis en quête de main-d'œuvre moins chère et pas syndiquée - plus corvéable . Le rêve c'est le camion qui se pilote sans chauffeur - l'automatisé comme ils disent - on a les rêves qu'on peut . Terminato les salariés à payer , toute la caillasse pour soi . Si demain ils trouvent une planète où les habitants ont plusieurs paires de bras - la Terre terminée aussi . C'est sûrement pour cela qu'il souhaite explorer les galaxies . En attendant le gros lot , la marchandise emprunte le même chemin - à l'Est toute , direction l'Asie pour sa fabrication . Elle revient ensuite et pour l'accueillir il faut des infrastructures et c'est là que nous retrouvons Nelo Magalhães et son livre - Accumuler du béton , tracer des routes . C'est un universitaire en voie de radicalisation spécialiste des soubassements - et oui pour soutenir cette immense accumulation du capital il faut du sable , du granulat , du ciment , du goudron , du remblai et ensuite des ports , des aéroports et des routes . Il décrit bien le principe du passage de la brouette à la pelleteuse - les Shadoks devenant plus nombreux et de plus en plus entrepreneurs . En creusant ils chantent leur fameux hymne - des petits trous , des petits trous , encore des petits trous , des petits trous , des petits trous , toujours des petits trous - et ça fait des passoires . Ils construisent ainsi des routes telles des pieuvres enserrant les territoires , circulent dessus ceux qui les dégradent le plus - des camions . Tous ces travaux pharaoniques et ces pyramides de capitaux pour faire passer des tonnes et des tonnes - c'est ballot hein ? Il y a Saint Christophe pour les conducteurs ordinaires et pour ceux de ces réseaux il parait qu'il se nomme Toutencamion . Il se dit tellement de choses
Des chemins vicinaux pour les colporteurs et ceux de hallage pour le fluvial , à cheval ou à pied on arrive toujours aussi - avant les agrandissements , avant les accélérations . Mhumm c'est ce goût terrible celui de la vitesse - écouter Izïa à fond - c'est l'arrivée du moteur qui va équiper tout ce qui peut circuler et de plus en plus rapidement . Le moteur d'abord à vapeur avec du charbon puis à pétrole - le charbon étant issu de la décomposition de plantes et le pétrole d'organismes marins ou lacustres - la fameuse matière noire tant recherchée . Faire tourner un moteur c'est en quelque sorte carburer au sang caillé noir nourriture de zombies . Pour en revenir au mouvement , il est d'abord en mode valse à deux ou quatre temps puis en mode gabber ou pour le dire autrement les échanges sont devenus épileptiques . Le mouvement c'est une tentation terrible peut-être permet-il de se mettre à l'unisson des rotations - un truc à la derviche . Le défaut de leur système c'est quand les inconvénients commencent à être majoritaires - dégradation diverses de l'environnement , submersion par la pacotille , chômage et emplois peu qualifiés en cadeaux bonus . Alors on continue , on augmente les tailles , on augmente les flux de tout - des hommes , de la marchandise , des images - c'est l'ère des masses - ça change les proportions . De plus en plus avec des tuyaux de plus en plus gros qu'il faut remplir , ça ne pas être si facile que ça d'installer des réducteurs . Augmenter les doses , chercher les marges encore plus grandes encore plus loin - il se peut que l'économie soit un truc de junkie
Tracer une barre
Là sur la page blanche
Celle d'une lettre
Ce n'est pas tous les jours une équivalente à la Dick Fosbury ou à la Sergueï Bubka
Non est la distance pour le mot suivant n'est pas forcément celle franchie par Bob Beamon
Parfois oui tutoyer ces tentations
Mais la plupart du temps , c'est l'ordinaire qui prend forme
Là oui là , juste là sur cette page
Nous étions là
Imbriqués l'un à l'autre
Plus proche ce n'était pas possible
A faire la même chose
Pas pour les mêmes raisons
Ce n'est pas bien grave
Relier avec une passerelle , un pont ou un tunnel , l'île de Ré ou celle de Noirmoutier , l'Angleterre même , le Mont-Saint-Michel ou Venise au moyen d'un plus ou moins large ruban - c'est devenu une presqu'île . Cette attache telle une laisse - celle de la domestication . Un flux continu d'hommes et de marchandises peut désormais passer en toutes saisons . La facilité est cette grande tentatrice souvent pourvoyeuse de destructions ou de désillusions . C'est ce que décrit Petra Reski cette fine observatrice dans son livre Venise n'est pas à vendre - une aqua alta de touristes permanente où l'habitant est dépossédé de sa ville . Elle raconte le cheval de Troie des plateformes de location d'appartements . Beaucoup de vénitiens préfèrent vivre sur le continent et toucher les dividendes . Tout un écosystème reproduisant le biotope des grandes villes s'y greffe . Nourriture à emporter ou à se faire livrer - se faire livrer est peut-être une des choses les plus étrange au monde . Des magasins de souvenirs et des supérettes qui font disparaitre les commerces de bouche locaux . De grandes chaines qui s'installent aussi et bien sur les classiques enseignes de " luxe " - bon ce n'est pas Gersaint . Prononcer meublé cela ne sonne du tout pareil - non pas du tout - c'est souvent la même chose mais avec une autre dénomination - un anglicisme c'est plus peep-show . Les plus beaux villages , les plus belles villes sont dans les viseurs . Il y en a-t-il actuellement en construction qui vaudront un jour le détour ? Les villes modernes feront-elles de belles ruines ? Avec les normes de construction actuelles - Venise ne pourrait pas exister . Ils viennent du monde entier pour le constater . Elle est encore présente cette chimère née du mariage du commerce , d'une esthétique et d'un peuple . Ils recherchent sans le savoir , les narines frémissantes les effluves de ce parfum évaporé . Celui qui flottait dans les canaux et autour des palais - un mélange de stucs et de stupres - de luxe et de luxure . Un parfum désormais évaporé à la recette perdue . Il viennent voir l'argent qui savait encore se transmuter . Ils viennent voir les reliefs , ils viennent voir ce qui n'existe plus , ils viennent voir la nostalgie , ils viennent voir qu'il n'y a plus qu'eux . Après tout dans cette autre cité née du commerce et du goût des choses - à Pétra , les nabatéens disparus , ne reste que des tombeaux . En retournant chez eux lestés de nouvelles expériences - ah l'expérience - ils passent d'un caveau l'autre
Plusieurs fois je me suis fais avoir , de ne pas photographier un livre avant de le chroniquer . Entre la tasse de café ou le verre de vin renversé dessus et les échappées des mains et paf dans le gravier ou dans une flaque ou dans l'assiette . Sans compter ces couvertures se délitant au bout de quelques maniements et qui finissent cornées ou détachées . Parfois aussi elles sont marquées des traits de crayons ayant glissés subrepticement de l'intérieur des pages à l'extérieur . Les annotations sont consubstantielles à la lecture - elles sont via ferrata pour la relecture qui peut être quelques jours , semaines ou années après . Le plaisir d'en trouver des précédentes d'autres lecteurs - tiens quelqu'un est passé ici - et il a laissé traces de pensées . Toutes ces cicatrices qui viennent marquer la chair du texte - si il en vaut le coup . Un texte vierge en fin de lecture c'est un texte sans accroche . C'est pour cela que photographier un livre dès son arrivée , n'est pas une si mauvaise idée que ça . Après tout il se dit qu'ouvrir un livre , c'est tirer la couverture à soi . Il se dit tellement de choses
Cela va être un tsunami non pas du gadget à la casque de réalité virtuelle ou lunettes connectées . Non de la hype de chez hype - rien de moins . L'objet indispensable - celui à en rêver la nuit - celui du désir . Vous vous demandez ce qu'il peut être ? Ah ! Ah ! La tension monte . Un objet durable à la fois écologique et technologique . A la pointe de la technologie - sur la tête . Cet objet unique sera ....Il sera une casquette solaire et oui - afin que que chacun puisse être autonome et singulier . Toujours branché ! Plus de problème pour recharger son ordinateur de poche , plus de problème pour la batterie du casque audio . Ces casques englobant les oreilles qui font immédiatement penser à un moyen de communication avec les extraterrestres made in la soupe aux choux . Avec cette casquette vous ne serez plus un gland vous porterez la prochaine médaille d'or du concours Lépine - et ça , et ça ce n'est pas rien , c'est beaucoup .
- Tu l'as cette appli ?
- Non et toi celle la ?
- Non plus
- Et celle la ?
- Non elle fait quoi ?
- Quand tu vas au restaurant à plusieurs , elle permet de calculer au centime près la quote-part de chacun
- Mais c'est incroyablement révolutionnaire et indispensable
- Et ouais . Tu vas l'installer ?
- Non
- Quand penses tu ?
- Tu sais en un sens toutes ces applis c'est de l'origami . Et roulez cocottes
Ils se mirent en rires terribles
Nicolas Chauvin vient de réceptionner le ballon , deux joueurs adverses lancés comme des balles viennent le percuter avec élan de toute leur masse - un tampon monumental . Il ne se relèvera pas . C'est ce que raconte son père Philippe Chauvin dans ce livre intitulé - Rugby , mourir fait partie du jeu . Il raconte l'avant et l'après , son incompréhension et ses souhaits - en quoi une telle action n'est pas conforme à l'esprit de ce jeu et qu'est-il possible de faire pour que cela ne se reproduise pas . Mourir sur le pré c'était l'apanage des duettistes des milliers y sont restés la fine fleur - fauchés comme des pâquerettes . Les meilleurs bretteurs - les plus fougueux , les plus braves , les plus experts , les plus fondus se décimèrent . C'est cette volonté toujours présente de se batailler , de se défier - de s'étalonner qui est moteur . Normalement dans cette forme pacifiée d'affrontement qu'est le sport il y a moins de dégâts . Mais dès qu'il y a collision il y a de la casse . D'autant plus quand un jeu transforme sa pratique . Des joueurs surentrainés , et ayant prit de la masse musculaire rendent les percussions violentes . Surement que ce sport touche ses limites - les chocs on dirait du football américain pratiqué sans armure . Pour vendre ce sport d'une part le temps de jeu effectif a augmenté et d'autre part il fallait que le ballon soit le plus visible possible . La mêlée , la touche , les mauls réduits à des rampes de lancement - le profane spectateur n'a que faire d'une maïeutique du ballon . Il veut voir . Alors on lui en a donné . Il ne manque qu'une caméra et un micro dans le ballon . Du mouvement , du mouvement encore plus - pas de temps mort . La dernière blague risible c'est un compte à rebours pour le buteur en cas de pénalité ou de transformation . En équivalence à son époque - toujours plus - de flux financiers , toujours plus de mouvements de marchandises , toujours plus d'images . Nicolas Chauvin est mort de cela du tampon de cette modernité
Les épidémiologistes qui se sont penchés sur le football américain sont effarés . Sans compter les blessures qui laissent des handicaps physiques , c'est les chocs à la tête qui sont les plus traumatiques . C'est une véritable hécatombe . Il n'est pas du tout certain que la tête est vocation à être un sac de frappe . Dans la boxe beaucoup de lésions sont irréversibles . Philippe Chauvin se plaint d'avoir été écouté d'une oreille distraite par la ministre des sports de l'époque Roxana Maracineanu . Il faut se souvenir qu'elle a déroulé le tapis rouge à ce sport en cage le MMA . Comment voulait-il qu'elle soit sensible à un choc entre joueurs alors qu'elle venait de légaliser le tabassage ? C'est la signature du macronisme où à l'instar du libéralisme qu'ils prônent tous les coups sont permis et rien ne doit faire obstacle à son extension . Frapper un homme à terre c'est cela leur idéologie . Attendons avec impatience les études épidémiologiques sur ce " sport de combat " elles promettent d'être édifiantes . La casse des hommes fait partie intégrante de leur projet et malheureusement pour cela il y aura toujours des volontaires . Bonne lecture