Remonter entre tes cuisses
Encore et encore
Tel un saumon
Nageant dans les rivières du désir
Remonter entre tes cuisses
Encore et encore
Tel un saumon
Nageant dans les rivières du désir
Suspendues en vitrine des boules de toutes les couleurs telles des étoiles - un planétarium en relief . Poussez la porte , à l'intérieur de la boutique-atelier il y en a de partout - en appliques , en lustres , en lampes à poser , en lampadaires . Elles brillent de mille feux , elles carburent au gaz , au pétrole , à l'électricité ou à l'huile . On dirait des constellations disparues et temporairement reconstituées . Le maître des lieux les a patiemment restaurées et collectées . Du début de l'aventure quand il en en trouvé une abandonnée sur un trottoir à Francfort jusqu'à les côtoyer toute sa vie . Dans son livre - L'autre siècle des lumière - Histoire de l'éclairage de 1775 à 1925 - c'est le tour de force d'Ara Kebapçioğlu , la très grande majorité des lampes sont présentées allumées . Leur éclairage sublime les faïences , cristal ou opaline qui rendent la lumière plus douce . Une rencontre ou une prédestination ? Dans son nom même il y a cette rare lettre par ici , ce ğ où un croissant de lune forme abat-jour . Les foyers étaient éclairés pendant des millénaires qu'avec des flammes , avec les risques et les contraintes inhérentes à leur entretien . De plus il fallait toujours les ravitailler en combustible . Désormais il est seul à veiller sur elles . Il semble avoir apporté de son lointain Orient une boutique de souk au cœur de Paris . Une boutique où chaque lampe possède un dispositif , une technologie , un usage - oubliés de tous . Ara Kebapçioğlu est le détenteur de ces secrets , il connait les raretés et leurs beautés - il incarne la Ville Lumière .
Le chandelier allumé et les ombres dansantes , le champagne rosé bien frais à portée de mains - il se prépare quelque chose . Les mines gourmandes rougies se réjouissant d'avance en contemplant les flammes allumant le charbon de bois du barbecue - bientôt ça va sentir bon dans l'air . Rajouter une bûche dans la cheminée se laisser gagner par la douce torpeur et observer le mouvement incessant des flammes , ces bayadères . Ceux sont les rares moments où nous sommes désormais en contact avec des flammes produisant de la chaleur et de la lumière . Il y a aussi la flamme olympique - mais elle est plus rare à croiser . Appuyer sur un bouton , la fée électricité est là - ça change tout ! Les visages étaient éclairés aux flammes , maintenant c'est souvent ces nouvelles lampes d'Aladin qui les éclairent - les écrans . Peut-être exaucent-ils certains vœux ? Dans la nuit de la ville sont présentes deux sources de lumière - l'éclairage public qui se convertit au moins énergivore du LED et les phares des véhicules . A un moment ils furent jaunes , ils semblaient emporter avec eux des morceaux de soleil pour dissiper les ténèbres . C'était une lumière chaleureuse , on s'en aperçoit qu'en on croise un des rares véhicules rescapés en arborant encore . L'Europe décida de se convertir aux phares blancs - ce n'est pas du tout le même rendu - cette lumière cisaille la nuit et les pupilles , les routes et les paysages . Il se peut que cela soit une signature civilisationnelle . Bonne lecture
Des phrases serrées sur la page
Formant un tamis
Pour retenir des parcelles de mémoires
Celles des autres et la sienne
C'est une histoire incroyable et improbable
Mais là il faut que je file
Je m'en vais vous la raconter la fois prochaine
La langue en feu
Ce soir là des mots embrasés sur nos lèvres
Nous étions dans le cercle
Nous étions dans le cercle
Orteils contre orteils
Doigts contre doigts
Langue contre langue
Pour échanger nos mots
Au plus proche
Dans le cercle
Des petits , des moyens , des gros , des rectangles et des toupies , des camions de toutes les tailles et de toutes formes souvent conduits par des chauffeurs des pays de l'Est . Après avoir décimé les transporteurs indépendants les grands groupes sont partis en quête de main-d'œuvre moins chère et pas syndiquée - plus corvéable . Le rêve c'est le camion qui se pilote sans chauffeur - l'automatisé comme ils disent - on a les rêves qu'on peut . Terminato les salariés à payer , toute la caillasse pour soi . Si demain ils trouvent une planète où les habitants ont plusieurs paires de bras - la Terre terminée aussi . C'est sûrement pour cela qu'il souhaite explorer les galaxies . En attendant le gros lot , la marchandise emprunte le même chemin - à l'Est toute , direction l'Asie pour sa fabrication . Elle revient ensuite et pour l'accueillir il faut des infrastructures et c'est là que nous retrouvons Nelo Magalhães et son livre - Accumuler du béton , tracer des routes . C'est un universitaire en voie de radicalisation spécialiste des soubassements - et oui pour soutenir cette immense accumulation du capital il faut du sable , du granulat , du ciment , du goudron , du remblai et ensuite des ports , des aéroports et des routes . Il décrit bien le principe du passage de la brouette à la pelleteuse - les Shadoks devenant plus nombreux et de plus en plus entrepreneurs . En creusant ils chantent leur fameux hymne - des petits trous , des petits trous , encore des petits trous , des petits trous , des petits trous , toujours des petits trous - et ça fait des passoires . Ils construisent ainsi des routes telles des pieuvres enserrant les territoires , circulent dessus ceux qui les dégradent le plus - des camions . Tous ces travaux pharaoniques et ces pyramides de capitaux pour faire passer des tonnes et des tonnes - c'est ballot hein ? Il y a Saint Christophe pour les conducteurs ordinaires et pour ceux de ces réseaux il parait qu'il se nomme Toutencamion . Il se dit tellement de choses
Des chemins vicinaux pour les colporteurs et ceux de hallage pour le fluvial , à cheval ou à pied on arrive toujours aussi - avant les agrandissements , avant les accélérations . Mhumm c'est ce goût terrible celui de la vitesse - écouter Izïa à fond - c'est l'arrivée du moteur qui va équiper tout ce qui peut circuler et de plus en plus rapidement . Le moteur d'abord à vapeur avec du charbon puis à pétrole - le charbon étant issu de la décomposition de plantes et le pétrole d'organismes marins ou lacustres - la fameuse matière noire tant recherchée . Faire tourner un moteur c'est en quelque sorte carburer au sang caillé noir nourriture de zombies . Pour en revenir au mouvement , il est d'abord en mode valse à deux ou quatre temps puis en mode gabber ou pour le dire autrement les échanges sont devenus épileptiques . Le mouvement c'est une tentation terrible peut-être permet-il de se mettre à l'unisson des rotations - un truc à la derviche . Le défaut de leur système c'est quand les inconvénients commencent à être majoritaires - dégradation diverses de l'environnement , submersion par la pacotille , chômage et emplois peu qualifiés en cadeaux bonus . Alors on continue , on augmente les tailles , on augmente les flux de tout - des hommes , de la marchandise , des images - c'est l'ère des masses - ça change les proportions . De plus en plus avec des tuyaux de plus en plus gros qu'il faut remplir , ça ne pas être si facile que ça d'installer des réducteurs . Augmenter les doses , chercher les marges encore plus grandes encore plus loin - il se peut que l'économie soit un truc de junkie
Tracer une barre
Là sur la page blanche
Celle d'une lettre
Ce n'est pas tous les jours une équivalente à la Dick Fosbury ou à la Sergueï Bubka
Non est la distance pour le mot suivant n'est pas forcément celle franchie par Bob Beamon
Parfois oui tutoyer ces tentations
Mais la plupart du temps , c'est l'ordinaire qui prend forme
Là oui là , juste là sur cette page
Nous étions là
Imbriqués l'un à l'autre
Plus proche ce n'était pas possible
A faire la même chose
Pas pour les mêmes raisons
Ce n'est pas bien grave
Relier avec une passerelle , un pont ou un tunnel , l'île de Ré ou celle de Noirmoutier , l'Angleterre même , le Mont-Saint-Michel ou Venise au moyen d'un plus ou moins large ruban - c'est devenu une presqu'île . Cette attache telle une laisse - celle de la domestication . Un flux continu d'hommes et de marchandises peut désormais passer en toutes saisons . La facilité est cette grande tentatrice souvent pourvoyeuse de destructions ou de désillusions . C'est ce que décrit Petra Reski cette fine observatrice dans son livre Venise n'est pas à vendre - une aqua alta de touristes permanente où l'habitant est dépossédé de sa ville . Elle raconte le cheval de Troie des plateformes de location d'appartements . Beaucoup de vénitiens préfèrent vivre sur le continent et toucher les dividendes . Tout un écosystème reproduisant le biotope des grandes villes s'y greffe . Nourriture à emporter ou à se faire livrer - se faire livrer est peut-être une des choses les plus étrange au monde . Des magasins de souvenirs et des supérettes qui font disparaitre les commerces de bouche locaux . De grandes chaines qui s'installent aussi et bien sur les classiques enseignes de " luxe " - bon ce n'est pas Gersaint . Prononcer meublé cela ne sonne du tout pareil - non pas du tout - c'est souvent la même chose mais avec une autre dénomination - un anglicisme c'est plus peep-show . Les plus beaux villages , les plus belles villes sont dans les viseurs . Il y en a-t-il actuellement en construction qui vaudront un jour le détour ? Les villes modernes feront-elles de belles ruines ? Avec les normes de construction actuelles - Venise ne pourrait pas exister . Ils viennent du monde entier pour le constater . Elle est encore présente cette chimère née du mariage du commerce , d'une esthétique et d'un peuple . Ils recherchent sans le savoir , les narines frémissantes les effluves de ce parfum évaporé . Celui qui flottait dans les canaux et autour des palais - un mélange de stucs et de stupres - de luxe et de luxure . Un parfum désormais évaporé à la recette perdue . Il viennent voir l'argent qui savait encore se transmuter . Ils viennent voir les reliefs , ils viennent voir ce qui n'existe plus , ils viennent voir la nostalgie , ils viennent voir qu'il n'y a plus qu'eux . Après tout dans cette autre cité née du commerce et du goût des choses - à Pétra , les nabatéens disparus , ne reste que des tombeaux . En retournant chez eux lestés de nouvelles expériences - ah l'expérience - ils passent d'un caveau l'autre