De la violine , du pourpre , de l'anis , du smaragdin , du jaune cobalt ou canari , de l'orangé strié de vert ou du vert strié d'orange - tant de nuances , ou dire teinte fraise écrasée ou abricot rougi . Manger des fruits c'est goûter des couleurs et des formes . C'est rendre hommage au génie bricoleur des jardiniers , à leur gourmandise partagée . Avant les frigos et les modernes transports chaque variété avait son usage - beaucoup pour passer l'hiver ou pour nourrir le bétail , en fruit de garde pouvant se conserver jusqu'au mois d'avril ou sous forme de " séchon " - qui est un quartier ou rondelle de pomme ou de poire séchés à l'air libre
Avec l'approvisionnement permanent et la disparition de la ruralité les hommes sont partis et les arbres sont restés . Rendre visite à l'un ou l'autre s'est rencontrer une singularité . Ainsi au hasard des pages de ce splendide livre de Bernard Vauthier intitulé - Le patrimoine fruitier de Suisse romande .- à Cheyres chez Rémy Vulliemin de souche Pomy une galante cerise Coeur de pigeon . A Troistorrents chez Jeanne Morisod une prometteuse poire Carmagnoule ou à Oisonfontaine chez Louis Buchwalder une pomme de variété Bombe - surement explosive en bouche . Je ne peux résister à un dernier arbre chez Eloi Blanchard et chez Alice Turberg à Courtemautruy une prune Impériale qui ne peut qu'adouber le palais . Avec à chaque fois un historique du fruit et une description d'une netteté absolue - je vous en passe les détails .
C'était cela quand l'homme était dans l'écorce , il côtoyait le végétal et l'animal - tels des frères . Il est possible de rêver à sa lecture de la beauté d'une aventure éditoriale qui donnerait à chaque région sa pomologie - pour leur rendre hommage - bon après faut trouver les lecteurs . Il m'est souvent arrivé d'avoir pour but d'excursion la rencontre d'un arbre " remarquable " et parfois de ne pas le trouver - les tronçonneuses m'avaient devancé . Leur présence est survivance , esseulés ils en deviennent remarquables , au moins pouvons nous leur apporter notre reconnaissance . L'autre jour un paysan des Combrailles m'a lancé cette interrogation
- Qui sait peut-être sommes nous les fruits comestibles ou toxiques de la Terre ?
Bonne lecture
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