Il est toujours agréable de tenir entre ses mains pendant la période hivernale un texte qui réchauffe , encore plus chaud - quand il est brûlot . Il s'agit d'un livre intitulé - La doctrine invisible écrit par un duo composé de George Monbiot et Peter Hutchinson aux Éditions du Faubourg - traduit de l'anglais par une parfaite bilingue la terrible Mathilde Ramadier . C'est une critique assez classique baignant dans la lignée et la nostalgie de Keynes et de ses successeurs Galbraith ou Piketty et dénonçant avec pertinence et un sens des formules éprouvées - un système , ses outrances et les abîmes dans lesquels il nous conduit . Les auteurs regrettent les régulations sabrées et démembrées d'avant cette période venteuse et les abdications que leurs disparitions entrainent . C'est la notion de collectif qui n'a pas passée la barre d'une société de communautés à celle d'individus et les néolibéraux qui lui ont bien savonnés la planche - ça fait des glissades . Ils étaient juste là au bon moment pour fournir une doctrine aux ultras-riches et leurs suiveurs - il n'y avait plus qu'à tirer sur le fil des coutures . Il faut passer outre le titre , il n'y a pas de nouvelle révélation et ce n'est pas la suite du Parfum de l'invisible et aussi l'impression de connaitre ces thématiques tant et tant lues ailleurs malheureusement . On n'y trouvera pas la radicalité d'un Herbert Marcuse , d'un Guy Debord ou celle plus ludique d'un Raoul Vaneigem , des deux compères universitaires Jacques Ellul et Bernard Charbonneau , du franc-tireur Gunther Anders ou encore du duo père et fils - Jorge et Jaime Semprun . D'ailleurs l'Encyclopédie des Nuisances relègue au rang de bluette de tels livres même si ils sont écrit avec la plus grande sincérité - ce qui est le cas ici . Mais on y trouvera ce qui saisi n'importe quel observateur non lobotomisé - le sentiment d'un immense gâchis . De l'eau commence à suinter et cloque la peinture du plafond ils pensent que c'est du ruissellement et s'en vantent alors qu'ils préparent le Grand Déluge
Le gâchis c'est les abondances généralisées dans lesquelles nous vivons totalement vendangées et laissées dans les serres des rapaces . C'est des milliards et des milliards d'argent ne sachant pas comment s'employer . C'est de la marchandise et du superflu à ne plus savoir quoi en faire . C'est de l'abondance et un confort inouïs - l'électricité , l'eau courante , l'électroménager , la voiture , le train , l'avion , le vélo , la trottinette électrique , des victuailles à faire des banquets journaliers en gobant des fruits exotiques et des tomates d'Andalousie , des magasins emplis à ras bord et leurs annexes les camions sur les routes , des savoirs à libre disposition , une compréhension du monde jamais atteinte , une médecine en progrès constant , une liberté grande des individus , des voyages de toutes sortes possibles tel grimper l'Everest en tongs ou descendre le Mont Beuvray en luge d'été - il serait possible de continuer à énumérer tous ces bienfaits qui nous accablent . C'est un âge d'or étonnamment non-perçu comme tel . Il est laissé entre des mains qui préfèrent le carton-pâte ou du toc hollywoodien - il est abandonné aux junkies de l'économie et quadrillé par ces forces d'occupation que sont les multinationales . Grain par grain ils nous font ingérer leurs déserts . Des armées de piqueux se sont recyclées et dévastent tout . Il se dit que cette longue période de balbutiements sera nommée - ère des prédateurs . Il se dit tellement de choses
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