Le visible et l'invisible

 Que l'on soit à pied ou motorisé il est très rare de croiser dans les champs la moindre présence humaine . Parfois un tracteur passe avec son chauffeur dans sa cabine climatisée . C'est le Grand Remplacement opéré par  la chimie et la mécanisation des hommes désormais absents de ces territoires  . Quelques vaches , chevaux ou moutons et chèvres ici ou là - pour les animaux c'est identique il y en a très peu . Ils sont en stabulation ou dans l'univers concentrationnaire des élevages intensifs . Adieu veaux , vaches ,  poulets , cailles ... Il est aussi rare d'observer un cochon gambader en liberté qu'un nuage de pluie ces temps-ci . Ils ont dû les capturer eux aussi 

Si Versailles est conté

 

 Au même endroit au Château de Versailles du dimanche 6 juin 1982 au lundi 11 juillet 2022 - un saut de cabri temporel de quarante ans est passé par là . D'un président à l'autre , avec François Mitterrand c'était le traditionnel jeu des puissances - un G7 - accompagné de sa solennité et de ses pompes - c'était le premier après son élection . Du sérieux nous sommes là assis à  table - belle argenterie , belle vaisselle , mets fins , service aux petits oignons et mon tout posé sur une nappe en planisphère . Réfléchir aux affaires du monde et aux siennes  . Qui tient et maitrise réellement le gouvernail ? Le 3 juin 1982 c'est une tentative d'assassinat de l'ambassadeur d'Israël à Londres monsieur Shlomo Argov . Le théâtre d'ombres de ce complexe Moyen-Orient est toujours sur les planches actuellement . Il y a aussi cette bien oubliée guerre des Malouines - tout cela fait beaucoup à faire Margaret Tchatcher , elle  part avant la fin du sommet . De la géopolitique en action - où sont-ils partis les autres ? Ah oui dans cette direction . On est à peu près peinards en France on a tout soldé - du coup on à Roland-Garros ou le Parc des Princes - qui est devenu celui des émirs - pour s'occuper . Il y a le repas et les reliefs - c'est ce qui reste 

Au même endroit disions-nous - oui au Château de Versailles et que se passe-t-il quand on ne fait plus que commenter les balles ou ballons qui passent - ce qui est plus inoffensif ? L'autre jour un ami me disait - Je suis étonné que les commentateurs n'est pas mentionnés plus souvent que le nom de famille de notre président est celui d'un signe diacritique .  Ah ... Dis-je un peu surpris . Et Alors ? - Et alors disons le surligné ou le souligné des lettres que l'on utilise pas dans notre langue c'est moins .... Tu comprends . Oui et pas qu'un peu - toute une symbolique quoi . Choisir la langue , non pas la sienne mais celle de ceux qu'on veut attirer avec une savante danse du ventre et en agitant bien les hanches - ce fût Choose France . Ah c'est beau , c'est beau comme de l'antique .  On organise les soldes - Yes Sir ! Si Missiou  veut bien tout nous acheter et tout nous vendre . Hé pas cher Missiou . Moah il y en a parler la langue des maîtres . Pas trop le chinois parce que pour baragouiner de l'anglish on sent déjà que s'est laborieux . D'ailleurs quelle pointure Missiou , cela vous convient ? Ah c'est ballot ces traductions ils voulaient dire Shoes France - une erreur ça arrive . Ils avaient remplacé le traducteur par une solution ricaine de l'I.A ça marche pas toujours . Plus que des coups de pompes , les dominions avaient oublié que leur seul rôle c'est d'être des paillassons 

 

 

 

 

 

Quod scripsi , scripsi

 Quod scripsi , scripsi paroles attribuées à Ponce Pilate dans l'Évangile de saint Jean qui peuvent se traduire par - ce que j'ai écrit , je l'ai écrit 

 Cela arrive assez souvent que des hordes déversent des commentaire haineux sur leur victime du jour . Vague par vague . Il faut d'abord que  celle-ci tout d'abord submergée et abasourdie arrive à émerger et une fois  la marée repartie ,  qu'elle décide de ne pas laisser tout cela impuni  . Elle prend alors son courage à deux mains courantes pour pousser  la porte du commissariat  et déposer plainte . Le travail de la police peut commencer . Des tombereaux d'injures à tamiser selon quels critères ? Peut-être d'exemplarité ou de gravité . La simple insulte va passer aux oubliettes mais pas les menaces de mort , ni la haine vraiment mauvaise . Mais ce n'est que suppositions quand il y en des centaines ou des milliers . Un critère est peut-être l'acharnement de ceux qui reviennent à l'assaut avec leurs commentaires sous plusieurs vidéos - à la pitbull enragé  . Ceux là ont leurs doigts plus ensanglantés que d'autres . Après le tri ,  il faut identifier ces prosateurs , c'est une pêche aléatoire . Arrive enfin à l'auteur de ces doux mots une convocation pour explication de texte . Dans de multiples affaires les réactions sont identiques et principalement de deux ordres . Le premier c'est l'étonnement d'être confronté à des écrits totalement oubliés et publiés dans la fatigue et l'énervement du jour - en réaction pulsionnelle pure . Ils sont passés à autre chose depuis si longtemps .  Le second est de déni , soit celui de ne pas comprendre pourquoi ils sont les élus au cœur de la multitude  , soit que ce n'est pas vraiment ce qu'ils pensaient - disons plutôt moins que plus - soit que tout cela ne sont que des écrits qui n'ont finalement  aucune importance . Ils tentent une démonétisation de leurs pensées , ils plaident qu'ils sont à l'unisson de l'époque - celui des glossolalies . Il se dit qu'ils rêvent de robots conversationnelles pour être remplacés . Il se dit tellement de choses 

 

 

 

Elle luit

 Elle et lui , ils sont enlacés pupilles noires reliées 

Elle 

- Tu sais nous sommes au même endroit , à faire la même chose , pas pour les mêmes raisons  

Lui 

- Oui je le sais aussi dit-il en s'enfonçant en elle  

Chronique en passe-plat

 

 

 

 Bien cuit ou cru , mijoté longuement ou saisi sur le vif , bien dressé ou à la bonne franquette , explosif au couvercle de marmite fichée dans le plafond ou aux doux clapotis , totalement noirci et cramé ou frais et luisant - il y a une ressemblance entre un style et une façon de cuisiner . A travers son livre - La frite de Madame Mérigot , Henri-Daniel Wibaut à Lausanne  est un parfais hôte . Il possède cette curiosité qui nourrie la conversation et la fait vivre . Entrer dans une librairie cela ressemble à pousser la porte d'une pâtisserie - des tentations de partout - alors réunir dans un même lieu  des livres autour d'une thématique du manger - mon tout devient un endroit de perdition , l'appétence est immédiate . Le maître cuistot dans ces pages nous présente des livres issus de son fond qui et il le dit si bien ont bravé les avanies du  temps et les graisses inévitablement . Nous voici partis en compagnie de Luigi Cornaro en 1582 et son art de la sobriété . Nous embarquons ensuite dans un rade - Le petit café blanc - en 1913 celui décrit par Henri  Boutet dans les faubourgs parisiens avant sa disparition et dont il est désormais la seule trace . Nous nous retrouvons parachutés à Pékin à élaborer de la Cuisine chinoise version 1925 conseillé par Henri Lecourt . Nous trouvons des livres très rares et truffés  pour des bibliophiles avertis et des éditions courantes pour faire chauffer les vermicelles aux miscellanées - un peu de tout , un peu de rien c'est ça qui est bien . Dans l'élaboration des plats se glisse parfois des ingrédients étranges avec des E suivis d'un chiffre il faut alors trouver ce que cela peut bien être .  Pour cet amoureux de la chose imprimée qui décrit si bien les émotions du toucher d'une couverture ou du grammage d'un papier - tout n'est pas raccord . Son livre est fabriqué en République Tchèque - ce pays des tournages d'emboîtements - bon on sait désormais qu'ils font aussi dans l'emboîtage d'édition aussi dénuée de sensualité que ces bombardements . Nous nous contenterons donc du contenu . Cela fait penser à cette blague archi-connue qui dit que le drapeau Suisse est la superposition de deux panneaux de sens interdit dont l'un à pivoté 

 Chercher un livre parfois pour le titre entraperçu  et ses promesses - telle une quête . Ce peut-être une rencontre impromptu dans une brocante ou une boîte à livres . Ce peut-être dans une librairie où il y en a tant qu'elles ressemblent à des lupanars . Ce peut-être dans un livre où un écrivain évoque un autre écrivain - ce nom glissé dans les pages tel un mot de passe . Un nom qui emmène à un autre , puis à un autre , puis à un autre , puis à un autre ... Un cheminement à effet dominos avec ses impasses et ses avenues rayonnantes . Ce peut-être un nom surgissant dans une conversation ou entendu à la radio ou dans une émission ou ailleurs -  du glanage . Une écriture  c'est la  rencontre d'un prisme dans lequel  le réel ou une fraction de celui-ci est ressorti après être passé au travers pour s'imprimer sur une page . Qu'est-ce que l'écriture est venue matérialisée ? Une expérience singulière plus ou moins vitale vraisemblablement . C'est identique à une fugace vidéo - une fenêtre vient de s'ouvrir . Les livres restent là , ceux qu'on connait , ceux à découvrir . Tout ce qu'on ne pense pas n'existe pas , tout ce qu'on ne connait pas - non plus . Ils sont là pas loin à portée de mains - en témoins . Pour terminer je ne résiste pas au plaisir de vous partager quelques intitulés de plats - dont on ne connait pas exactement la composition , mais qui enrobés de mots font saliver . Palet de Saint Pierre Grand Duc  , Darne de saumon de Loire sauce Vincent , Timbale de soles Joinville , Suprêmes de turbot Galliera , Baron de Pauillac Vert-pré , Damiette  au chocolat , Bombe Jeanne d'Arc , Spooms  au Rœderer , Ananas voilés Trianon , Belles d'Argenteuil , Pêche glacée Sultane , Fraises Marquise ... C'est le pouvoir évocateur des mots incomparable à ne pas s'en lasser . La gastronomie et le style sont siamois ils donnent formes au réel et sont exhausteurs de goût .  Bonne lecture et bon appétit 

 

 

 

 

 

 

 

C'est l'été

 Planter le parasol indispensable aux jeux d'ombres 

Étendre la serviette de bains 

S'installer , le vert , les bleus et le sable 

Nous sommes sur une plage de conscience 

C'est l'été  

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 Zim Zam Bada Bam Zoum Bim Zam 

Empêtré  dans les lignes l'écriture -  à l'instar des pianistes c'est aussi faire des gammes 

Pour se dérouiller les doigts  

Vale tudo

 Il est là au premier rang ce président américain Donald Trump à regarder les adversaires du jour se baratter  mutuellement . Ils se font des tronches à la Picasso peinture comprise aux couleurs du drapeau - visages ensanglantés , muscles bleuis et les étoiles pour le ko . Un projet en action et en représentation - celui du brutalisme de l'économie de marché 

A la marteau-pilon dans les usines , à celui des matraques sur les calebasses  , à celui des touches sur les claviers , à celui des coups sur les corps - une mélopée se fait entendre vale tudo , vale tudo , vale tudo , vale tudo - le chœur des plaintes en constat 

De ce côté de l'Atlantique il n'était pas possible de rester à l'écart de telles possibilités .  Il fallait légaliser le MMA en affichage du partage idéologique . Ils sont là aux manettes et ils appuient frénétiquement sur le bouton overboost . Ils sont tout excités , ils ont l'air de kiffer ça à mort et tout à leur joie ils chantent 

Vale tudo   vale tudo on va se faire plein d'euros 

Vale tudo  vale tudo tout pour notre gueule 

Vale tudo  vale tudo et pour les autres dans leurs gueules 

Vale tudo   vale tudo que des bobos 

Cycles

 La poule ou l'œuf , l'œuf ou la poule on connait l'histoire celle des commencements 

D'ailleurs qui a commencé  impôts ou travaux , travaux ou impôts ?

La vie est chère 

La chair qui nourrit la terre , la terre qui nourrit la chair 

La vie est chair aussi 

Roulent les cycles naturels et les mots sur cette page 

Aujourd'hui  

2191

 Il dit en riant

- Contempler  ses rotondités c'est rendre hommage aux planètes 

Ici , une maison

 

 

 Ouvrir une porte de la maison - est-ce la bonne ? Peut-être , peut-être pas mais dans une œuvre il faut bien y rentrer - ce peut-être par la fenêtre . Ouvrir le livre c'est ce qu'il reste pour abriter l'esprit de celui qui n'est plus . Certaines pièces sont vides , dans d'autres tout est vitrifié , parfois il est possible d'humer encore l'odeur du café ou du plat du jour . Cette porte peut donner l'envie d'en ouvrir d'autres , parfois non .  La pièce peut-être représentative de l'ensemble ou uniquement un échantillon . Cette rencontre impromptue donne ou pas le désir de prolongations . D'ailleurs ce livre est-il de sa jeunesse , de sa maturité ou du grand âge ? Est-il un temps fort ou faible de l'œuvre ou un moment charnière ? Autant de questions pour un surgissement souvent improbable - ici aux détours des étals d'une brocante . Et puis nous ne sommes pas toujours justes - cette rencontre arrive t-elle trop tôt , trop tard ou au bon moment ? Cela joue aussi au-delà des possibles concordances . Là j'étais devant la maison de Lokenath Bhattacharya , j'ai poussé la porte et je suis entré 

Le sanskrit ses lettres en vermicelles souhaitant enlacer le réel , une écriture étrange d'une autre planète presque . Les faire bouillir dans un livre d'eau - Où vont les fleuves - de la vapeur , à nous de suivre les gouttes .  Lokenath Bhattacharya dans ce livre composé de trois poèmes , d'un entretien et d'un texte de Jean-Christophe Bailly dit que seule la France lui a réservé un tel accueil . C'est ce qu'il nous reste en partage - la curiosité . Une tentation de rencontre des autres - ce goût de l'universalité . Ici se trouve le partage d'un souffle - celui du Bengale et de son imaginaire . Souffle des mots accompagné par Luc Grand-Didier et Gérard Macé en intercesseurs . Souffle des mots de cet air qui circulait dans sa Chambre - lieu fixe et mobile de sa création . Pousser la porte de cette maison c'est tout ce qu'il reste - quelques mots traduits et d'autres sans écrits envolés dans les nuages ou partagés dans le souffle des lecteurs de passage . Alors oui pour éclairer cette nuit nous allumerons un feu du Bengale en sa mémoire et pour faire pétiller les prunelles . Bonne lecture 

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 Serrés forts l'un tout contre l'autre 

En tentatives d'attraper  l'impalpable désir