L'art de s'enrichir en créant des prairies par Henri Pellault

  C'est le bréviaire secret d'une époque qui n'en a plus

Celui des gyrobroyeurs de bocages 

Il se dit que Lénine l'avait toujours en poche 

Il se dit qu'il fût le livre de chevet de Milton Friedman 

Il se dit que Jacques Attali le consulte systématiquement dans ses toilettes 

Il se dit que les dadaïstes le donnèrent aux situationnistes 

Il se dit qu'il fit le même effet à Alain Madelin qu'un magazine Penthouse 

Il se dit que chaque dirigeant de la FNSEA vient y prêter secrètement allégeance que c'est leur pierre noire 

Il se dit tellement de choses 

L'imitateur

C'est un imitateur célèbre des ondes de radio et de télévision qui imite ceux qui y passent . Des politiques , des chanteurs , des sportifs , des journalistes , des personnalités insolées ... En pleine nuit il se réveilla brusquement , une boule dans  la gorge et un premier geai jaillit , puis un second , un gazouillis l'envahit , envahit sa chambre .  Il se mit en hurler en loup , en hyène , peut-être de les avoir trop imiter .

Un grand silence .

Surgirent des sons dont seuls les fonds de vallée , les arrêtes enneigées et la voie lactée se souviennent . Les hurlements des animaux disparus , le bruit du vent et celui des arbres .

Chasse nocturne

Puis

Un grand silence


Il s'endormi , ne sachant à son réveil si cette nuit fût rêvée ou réalité


6H30 il a rendez-vous à RTL ensuite à  Canal+

609 ( si sang neuf )

L'écrivain en alchimiste 

608

L'homme sent le sang

Mieux que l'ours

L'homme sent le sang

Mieux que le loup

L'homme sent le sang

 Mieux que le lion

L'homme sent  le sang

Mieux que l'homme

Chaudron magique

Dans l'immense chaudron ils ont mit le seul élément qu'ils ont en commun

Leur négatif

Ils ne donnent plus la mort , ils la portent sur eux 

Question de taille et d'estoc

Il est  sympathique Olivier Rey il fait le constat d'une perte du bon sens - de la juste taille .

De celle qui est le corollaire de l'avènement des m(ass)es , de celle qui a passé la surmultipliée avec la technique . D'un coup l'homme est allé  plus vite que le jaguar , il a volé plus haut que n'importe quel phénix , il a construit plus haut que Babel ...

Il laisse sous le tapis que cette démesure - l'hybris- fût intrinsèque aux conditions de l'arrachement . La négativité se réalisant étant contenue dans le premier jet . C'est l'effet boomerang .

Il y a mille et une choses justes dans son livre qui est une bonne base de travail et de réflexion

Il est sympathique Olivier Rey mais il boxe à l'anglaise , et encore il frappe peu le haut du corps - c'est une boxe cérébrale qui vise à la tête . Le grand coup de satte dans les glaouis et celui de genoux qui suit pour remonter la caboche  avant d'y envoyer un bourre-pif en vade-mecum , c'est pas son truc . Il dit avoir fait un pas de côté de l'université , c'est celui du gars sur le chemin de halage débarqué mais suivant la péniche . Il n'est pas certain que sa technique de combat soit la plus adéquate .

En compagnie d'Alphonse

Nous étions en pleine séance spirite , la table dansait de tous ses pieds

Soudain une voix

- Alors les ptits gars ils vous en font bouffer de la moraline !

- Alphonse ?

- Et ouais je viens vous rendre visite mes ptits gigots

Alphonse , le grand Alphonse Boudard avait décidé de nous honorer de sa présence

Quand même le retrouver  en désincarné ça nous fît un choc , nous eûmes une longue conversation et s'en expliqua

- Il faut y voir la même suprême ironie que la réalisation de la gnose dualiste après 2000 ans

Puis plus terre à terre , direct même dans la motte , de celles meubles de la jeune taupe

- Cette résille qui gainait leurs jambes la voir vous enserrer c'est pitié !

Nous tentâmes de lui expliquer que c'était le résultat des m(ass)es adipeuses , mais en fin observateur il connaissait nos déductions

Pour lui rendre hommage nous bûmes et bûmes encore et encore
Nous l'entendîmes déplorer ces horizontales , ces tarifées n'ayant plus aucun savoir faire

Et maugréer sur l'exposition des gonades , cette pornographie qui en est sa négation même

La table tournait , les verres , les bouteilles derviches itou , les gosiers asséchaient  , les gosiers désaltéraient

Et alors que nous levions tous nos verres à les entrechoquer , dans un grand éclair de lumière

Il disparu ne laissant que son grand rire résonner longuement - en salut fraternel 

Ouais , ça sent le sapin

Il était déchaîné comme aux plus grandes heures du CDCA

En apercevant  Michel Sapin , bien en verve il déclama

- Ce fumier d'étatiste je lui pisse à la raie , je lui chie dessus et je  vomis sur son crâne d'oeuf 

Douze chimères en ligne

Le mécanicien soulève la capot-moteur  , il ouvre un cylindre

Une étrange créature y loge elle cligne des yeux à la clarté

- Tu vois c'est une très belle mécanique , véloce et avec un couple terrible

C'est une douze chimères en ligne 

Le Principe de Feu

Des millions de litres de kérosène largués quotidiennement dans les cieux tressent d'invisibles nuages où aucun ange ne résidera . A terre , au ras du bitume des millions d'engins motorisés  projettent  des millions de litres d'essence en mortelles fumigations qui entourent le passant .Des usines de leurs cheminées recrachent d'énormes flatulences produits de leurs entrailles .

Mais non , le danger n'est pas là , non ,non ,il réside dans les cheminées à foyer ouvert , il réside dans cette liberté qu'il va falloir supprimer , de  faire des feux en plein air . Main dans main , département après département y compris les plus inattendus - les ruraux -  les interdictions sont édictées . Ce qui se joue là n'est pas une quelconque lutte contre une source potentielle de pollution , ce qui se joue  n'est pas la marotte de quelques préfets énarques ou de l'appareil d'Etat - ce qui se joue là c'est la lutte à mort entre deux conceptions de civilisations .

Ils veulent tuer le Principe de Feu - trop dangereux - pour que ne subsiste qu'eux 

607

Avec des suçons

Elle a écrit son prénom

Sur son sexe

En érection 

Georges Dubouchet I presume ?

Il n'en restera qu'un , il n'en reste qu'un - Georges - Georges Dubouchet .

Au sommet de son phare posé sur le  socle de son Atlantide il est le guetteur des temps passés .

Au milieu des flots , du flot intarissable des ses paroles , de ses écrits , habité de milliers de voix , des voix de ce  peuple disparu dont il est l'élu autoproclamé . En mission sur sa fidèle mule Citroën il charge les moulins ceux à eau , ceux à vent , ceux à paroles .

Dans la bibliothèque de l'honnête homme ce Du meuble de style au mobilier usuel populaire du Massif Central est un indispensable , un monument qui ne sera vraisemblablement pas réédité . Un millier de pages pour des centaines d'objets , quand la main avait une présence tangible . Quand la main savait créer un objet, un outil pour une fonction précise sans l'aide du marché . Quand une esthétique d'un pays à l'autre était reconnaissable entre toutes et avait son propre barycentre  . La main qui savait incorporer un bout d'âme dans ce bout de bois ou de ferraille .

Il y a du David Livingstone en Georges Dubouchet , il y avait de l'Afrique en  cette ruralité pétrie
d'ingéniosité .

Si vous arrivez à mettre la main dessus un précédent opus intitulé le Musée des campagnes vaut le détour et son Les fées  aux doigts magiques vaut le crochet