Fleurissement de nouvelles étiquettes sur tous les produits
Elles portent la la mention
" Design for wage-earners , made by wage-earners , sold to wage-earners "
C'est nouveau , c'est nouveau de chez nouveau et elles ont un succès fou
Dans les allées des magasins le moindre article arborant ce gage de qualité est immédiatement acheté
C'est la formule magique de ces temps là
Le poser là sur le mur anti-bruit bordant l'autoroute ou le périph , ou sur le tablier du pont ou sur sa pile . Sur le toit de l'immeuble l'endroit semble propice ou sur cette façade , les métros à une période furent le Graal . Parfois le moindre support y passe une camionnette , une baraque de chantier , un rideau de fer de magasin , sur les corps c'est en mode tatouages . Poser un lettrage , une signature ou un dessin pour démontrer son talent , son ingéniosité , son intrépidité . Poser en acte de présence . J'étais là , je l'ai fait . Courir dans les rues la nuit accompagné du cliquetis des billes de fer cognant dans les aérosols . Se prouver son existence - bomber les surfaces à l'adrénaline . Être visible mais dans l'ombre . Celui qui tape un métro , un lieu prestigieux ou même un avion - si si ça c'est fait - ne peut recueillir la renommée que de son blaze - mais il sait que c'est lui . C'est l'instant volé à la trame du quotidien à grands coups de lettres
La consécration c'était partir poser aux States à New York si possible et prendre des photos pour en attester . C'est un balisage du territoire avec des proportions variables . Un graffeur du coin commença par les murs de la ville , puis les bords de route et enfin le moindre village fût marqué à son tour . Une véritable campagne publicitaire en épigone de Jean Vérame . Se répandre à la façon de la restauration rapide ou d'une marque de vêtements , d'une multinationale développant ses implantations - mais à son échelle . A Pompéi on a retrouvé des inscriptions sur les murs et des fresques en mosaïque . C'est pour ces dernières qu'est connu Space Invaders il en pose de manière ingénieuse depuis une vingtaine d'années sur les murs des grandes métropoles . Au début avec les moyens du bord à l'arrache , maintenant à leur demande comme Shepard Fairey . Paris - Los Angeles - Rome - Tokyo - London - French Riviera - c'est luxe de chez luxe . Les villes veulent leur label de start-up c'est important l'image - elle est prévisible et tapageuse aux couleurs criardes de leur modernité - c'est la vraie , la seule véritable invasion
Écran portatif en main , à prendre photos ou à filmer
Chacun devient le reporter de son environnement ou de soi-même
Il y a t-il une unité de sens ou esthétique ?
Il y a t-il répétition , continuité ou invention ?
Les structures narratives du réel et de soi sont toujours aussi facétieuses
A perte de vue des labyrinthes pour les petits et les grands tracés dans les champs . On a envie d'y dessiner des circle crops cet sorte de land art facétieux . C'est peut-être cela le meilleur usage des champs de maïs . L'État lui a constellé de soucoupes volantes le territoire - des ronds-points où on a aperçu des extraterrestres arborant des gilets jaunes . Ils sont l'ultime espace de refuge des cycles - le rond point en tiers-lieu . Les épis de maïs en autant de clones - c'est l'armée de Xian de l'agro-alimentaire . Les panneaux indicateurs ou les publicitaires en soldats de l'homogénéisation . Les boîtes-aux-lettres aussi toutes semblables - Vous comprenez c'est plus pratique et on ne peut pas faire autrement . Elles ne reçoivent plus que des colis . L'ouvrir , il n'y a rien et le facteur bientôt ne passera plus . Alors regarder le ciel on sait jamais , un message peut en tomber
Du ciel des idées est tombé ce livre - Signalétique cosmique en milieu urbain - réalisé par Daniel Kunth et Gérard Paris-Clavel , à l'attention des futurs explorateurs et des soucoupes volantes . Accrochez vos ceintures , prêt pour la lecture , embarquement immédiat . Élaboré en 1993 c'est une pépite d'humour et d'imaginaire posant sur la grisaille du quotidien des touches colorées . Poussez la porte , mais souvent elle s'ouvre toute seule , ah c'est encore un lieu où règne le filoguidage - ils nomment cela l'expérience client - il n'y a plus que ça . Ils sont en embuscade avec leurs grands filets ces attrapeurs de rêves . Ils n'attendent qu'une seule chose que le chaland tombe dans le panneau . Heureusement le sens poétique salvateur en boussole bien présent , ne reste plus qu'à fabriquer les nôtres . Ils seront surement plus beaux et rigolos . Selon la formule rituelle , n'oubliez pas de liker et de vous abonner . A de prochaines lectures
Un ami m'a dit
- Celui qui va ramasser le prochain jackpot
C'est le premier qui va ajouter aux écrans portatifs la fonction vidéo-projection
Là Bim Bam ça va être énorme
A la charnière de deux mots
Ici peut-être
Où dissimulé sous une phrase
A moins que le texte lui même soit paravent
Ce sens infusé en plus et au détour d'un chapitre une charge d'explosif
Il n'y a pas plus sulfureux et dangereux que l'écrit
Ils le savent
C'est précis c'est net , découpé en blocs , c'est cela Dominique Kalifa . Une pensée universitaire se déployant , se saisissant de son sujet et le rendant plus limpide . Période après période , classe sociale d'en haut et d'en bas , émetteurs et récepteurs avec les modifications technologiques qui rabattent les cartes à chaque fois . Comment tout cela se diffuse dans l'air ambiant ? Pour l'écrit on connait bien ce cheminement de la naissance de l'imprimerie , aux colporteurs sillonnant le pays , le livre se démocratisant au fur et à mesure et se répandant . Puis ce fût les vagues renouvelées chaque jour de la presse à grands tirages . Arrive la propagation du son des disques à la radio , et celle des images avec d'abord la photographie , suivie par le cinéma et débarque la télévision . Une poignées de chaînes disponibles puis des bouquets et des bouquets . C'est un résumé à la louche il faut lire cet excellent livre - La culture de masse en France 1860-1930 - pour en connaitre toutes les saveurs . Nous en sommes aux écrans portatifs et la possibilité offerte à tous de pouvoir piocher dans ce décalque . Chacun en fonction de la cartographie de ses curiosités . L'attelage du commerce et des politiques culturelles type Front Populaire a tendu vers le même but - offrir les accès qui n'ont jamais été aussi aisés . Tenir la carte en mains celle où les itinéraires sont tracées et balisés et puis il y a celles où d'énigmatiques codes sont inscrits - moins évidentes mais plus amusantes . Ce sont les fameuses cartes aux trésors
Autour d'un feu de bois qui réchauffe les corps et fait danser les ombres ou d'un arbre fruitier en plein été à goûter à pleine bouche du sucré et savourer son feuillage qui protège - tendre les oreilles . Celui qui dit est là au milieu de l'assemblée pour raconter une histoire . Celle d'un pays lointain dont il revient ou de la foire de ce matin , celle imaginaire comme le sont déjà les événements qui viennent d'exister , celle arrangée légèrement ou beaucoup , celle totalement inventée , celle passant d'une oreille à l'autre depuis des millénaires pour le plaisir de la découvrir ou de l'entendre à nouveau . Celle qui sera oubliée temporairement ou à jamais , celle qui va s'inscrire dans les mémoires . Celle qui passera à la flambeau de l'un à l'autre pour éclairer les coeurs et les regards , celle qui s'éteindra avec son porteur dans sa chambre solitaire et froide . Celle qui attend à la Belle au bois dormant d'être connue - elles sont myriades . Celle qui ... Images , écrits , des tentatives de traces faites avec les moyens du bord , celles des officiels , celles des inconnus , celles des industries du divertissement qui tentent scarifications - des traces il y en a partout . Il y a les bouches qui racontent , gonflant de leur hélium d'histoires d'innombrables ballons - parfois l'un éclate et son air se répand dans la noosphère . Qui y a t-il de plus délicieux que de raconter des histoires si ce n'est de s'en faire raconter ? Les cafés-concerts disparus , c'est bien dommage ils étaient au point d'équilibre . Depuis on se fait à nouveau fourguer de la baraque foraine , du Rocambole et du Fantômas - nothing change . C'est peut-être cela aussi une autre histoire qui peut se raconter - celles de leur expansion désormais sans limite . Comme il disait " Alors dis et vis ! " . Vous connaissez le rituel , si vous avez aimé cette histoire , n'oubliez pas de liker et de vous abonner . A bientôt pour de nouvelles lectures
C'est cet endroit là
Reconnaissable tellement il est tassé
Où tu as piétiné dans un sens et l'autre
Toute la journée pour trouver une bonne idée
Des traces de pas s'en éloignent
Les suivre pour savoir ce qu'il en est
Ah les rassurantes et innocentes pantomimes des Gendarmes qui font rigoler . C'est de la BD dans le réel ceux qui souhaitaient les détruire ont tâtés du LBD . C'est moins sympa . Beaucoup d'éborgnés ou de mutilés , des morts aussi sur des barrages routiers - qui peut citer l'un d'eux ? Quasiment personne . Une façon de raconter les histoires c'est toujours les vainqueurs qui tiennent le crachoir . Parfois un nom servant les intérêts du moment devient un symbole par exemple au hasard total - Malik Oussekine mais pas un du métro Charonne . Ni Dominique Venner à la cathédrale Notre-Dame de Paris , ni François de Grossouvre au palais de l'Élysée ne sont restés associés à ces lieux dans la mémoire collective - ce qu'ils auraient souhaités . Pour qu'un nom le soit , émerge du bruit il faut que son son soit martelé et martelé encore et encore - jusqu'à ce qu'il devienne familier . Le mouvement des Gilets Jaunes en les prenant pour cibles sentait intuitivement que ces radars postés en embuscade sont des machines de guerre de l'État . Nous sommes là , nous vous surveillons tout le temps . C'est le proxénète postant ses gagneuses et l'interdisant aux autres . Il faut que le citoyen soit dans l'incertitude et sente le joug . Ils voulaient le soulever . C'est amusant lors des émeutes des banlieues - suite au décès de Nahel - ils ne furent pas prit pour cible . Des tirs de mortiers et des voitures brûlées juste pour échapper enfin aux combustions spontanées habituelles en regardant l'écran plat dans l'appart de sa tour . Il suffira d'une étincelle dit la chanson
Cette année - 2024 - en Haute-Loire accompagné d'un ami , un jeune homme a voulu en faire exploser un . L'effet de souffle fatal - à la Feltrinelli - un drame mourir à vingt-trois ans pour défendre son idée de liberté . Il rejoint en martyr Frédéric Rabiller , notre Don Quichotte . Les radars automatiques en autant de moulins , érigés en autant d'obstacles sur son chemin . Vaste programme que de vouloir les culbuter . Il y a des êtres qui soudain se sentent investis d'une mission - à tort ou à raison . La seule victime ce fut lui . Mais contre quoi tentait-il de lutter ? Peut-être contre une inversion des mouvements de convections - l'inter-connaissance , les communautés , remplacées par de la ficelle externe - pour que ça tienne . Le jeu devient différent . C'était un soldat perdu voué au baroud d'honneur , un de ceux qui chargent baïonnette en avant contre les rafales de balles . C'était désespéré , c'était beau , c'était beau et con à la fois . Pour lui rendre hommage , les radars automatiques en autant d'ex-voto au bord des routes . Selon la formule rituelle , n'oubliez pas de liker et de vous abonnez . A de prochaines lectures .
